Entretien avec David Ciussi
Je suis née avant l’énergie et les particules.
Je suis née avant le soleil et la lune.
Je suis née avant les rivières et les océans.
Je suis née avant les fleurs et les animaux.
Je suis née avant les humains.
Je suis née avant les pensées de naissance ou de mort,
C’est de moi que verdit et fleurit le printemps.
Je suis sans mesure et sans but/
Mon avenir n’a pas de dettes, mon passé n’est pas écrit.
Mon cœur est dans toutes les formes et je me maintiens dans ma propre nature.
Je suis présente de toute éternité ensemencée au cœur de toute origine.
Ici, je tisse le lien avec toi ! Je donne mon être… infiniment.
Mon nom est : « relation ».
J’entretiens une relation intime et privilégiée avec mon amie relation ! Elle m’enseigne jour et nuit les secrets de son humanité… (rires). Le procédé mystérieux de la relation est le nouveau défi proposé à l’espèce humaine. Malgré Internet, nous sommes à l’âge de pierre de la communication, pourtant la vie nous oblige à nous rencontrer et à vivre ensemble.
L’art de la relation se construit dans la spontanéité de chaque instant : c’est être conscient que chaque événement présenté par la vie, ici et maintenant, est une opportunité pour découvrir la solution de l’existence ; c’est observer pour connaître et se reconnaître en devenant lucide des lois naturelles de la vie.
Vivre en paix est un état naturel auquel chaque homme aspire. Nous ne sommes pas faits pour vivre des cauchemars relationnels : ne pas savoir aimer ou ne pas être aimé. La paix avec les autres et en soi passe par une relation authentique sans l’obligation des larmes... Nous devons contacter l’intimité de notre être profond pour ressentir pleinement ce que nous sommes vraiment et faire la paix en nous. Penser que nous pouvons en tant qu’individu changer notre relation à l’autre sans nous clarifier intérieurement est un « doux leurre » et respecter l’autre, alors qu’à l’intérieur de nous c’est la tempête, une utopie romantique. Cela ne nous laissera qu’un sentiment de culpabilité, d’égoïsme et d’impuissance de ne pouvoir rien faire dans la réalité !
La seule paix sur laquelle nous pouvons avoir une influence réelle immédiate est celle que nous sommes capables de générer à l’intérieur de notre propre esprit. Notre responsabilité, c’est d’être « clairvoyant » sur ce qui se passe dans notre jardin intérieur en relation avec le jardin de l’autre : l’art de la relation se cultive, la paix relationnelle ne descend pas au bout d’un parachute, elle vient de nous. La raison pour laquelle je qualifie cette relation de mystérieuse, c'est que la relation n’est pas une chose innée mais un principe d’apprentissage dissimulé, à réinventer, contenant le plaisir de la découverte.
Quand deux personnes se rencontrent, qu’elles le veuillent ou non, elles échangent une multitude d’informations conscientes et inconscientes qui déterminent leur comportement et leur jugement. La réponse immédiate à cette interaction est une habitude comportementale instinctive : soit vous vous ressentez simple, naturel, soit vous vous dévalorisez par démission ou séduisez par compensation. Là vous êtes relatif mais pas relié ! Alors pouvons-nous en finir avec la manipulation, et ne pas vouloir changer les autres tout en maintenant nos mécanismes de résistance au changement. Allons-nous nous ouvrir à la communication consciente ?
Fuir sur une île déserte (rires)…ou faire de la relation une opportunité de croissance réciproque où l’autre sera la solution d’un nouvel « apprenti-sage »
Avant, le mot « relation » était synonyme de : « J’ai peur du lien, je voudrais partager mais j’ai peur des autres, je me sens séparé des choses, je ressens la perte du lien ontologique, ma vie n’a pas de sens, Aussi dois-je chercher quelqu'un qui me donne de l’amour, qui me rassure parce qu’en moi vivent le don et l’abandon, l’amour et le combat, l’espérance et la résignation, la joie et la tristesse, le courage et la lâcheté, la vérité et le mensonge, etc. En résumé : « si je ne me connais pas, je ne puis comprendre pas le monde. »
Le premier guide est la vie comme elle se présente dans la rencontre avec le tout, famille, amis, nature. J’ai aussi rencontré des « Sages » qui m’ont aidé à retrouver ma véritable nature. Avant la mise en place du processus de l’éveil, j’étais robuste ! Je protégeais mon ego, mes illusions, mes croyances, mes opinions, mes certitudes, mes acquis, mes peurs sans le savoir… (rires). J’étais instinctif, inconscient de mes modèles réactionnels automatiques. J’étais dans ma coquille et je la protégeais… Je protégeais mon image-moi plutôt que ma nature essentielle.
La rencontre avec un sage authentique fait grandir sans créer de « dressage ». Elle est bouleversante par la reconnaissance du vrai. Le sage est sans concession. Il ne réduit pas l’exigence du vrai à un confort... Il conduit l’élève vers l’autoréférence.
Ce sage n’est ni sauvage, ni domestiqué, il possède la pédagogie de l’amour ainsi que l’omniscience ! Tout ce qui n’est pas le vrai est balayé.
Le sage connaît les stratégies de l’erreur, les impasses dorées, les sirènes mentales. Il n’est pas dupe des transcendances illusoires et du confort des paillasses mentales. Discriminant par son intuition vive, il défie les modèles explicatifs des sciences provisoires. Il n’est pas un charognard qui se délecte des restes des concepts pensés par les autres ; il est vif, tranchant, bienveillant, surprenant. Lucide, il suscite l’interrogation créatrice, il veille sur « je ne sais pas ». Il n’est pas un ignorant ou un sot, il connaît les différentes voies qui mènent au sommet et celles pour en descendre. Il n’y reste pas, il est mouvement de la voie, pas le but. Il connaît les étapes mais ne s’y engraisse pas. Il est omniscient des pratiques qui permettent le retour au vrai, mais aussi, il connaît les pratiques de l’erreur, il leur a consacré beaucoup de temps ! (rires)
La communication consciente est un mouvement entre deux êtres désireux de créer un pont entre deux rives. Elle est ce qui unit les individus comme le silence relie les paroles.
Comprendre l’autre relève d’une intention à se relier pour que l’instant vécu ensemble soit unique et singulier, commotion de la relation où il ne manque rien.
Comprendre l’autre, créer le mouvement de l’un vers l’autre, comme le geste de tendre la main et se dire « Bonjour » me permet de vérifier si je l’ai compris. Comprendre l’autre c’est m’enrichir de son point de vue. C’est être capable de lui donner toutes les chances d’exister dans sa différence. Agrandir son monde intérieur c’est une intention à communiquer, un geste à faire en soi.
Oui, quand l’homme est capable de contacter simplement le courant créateur disponible dans chaque moment, tout devient simple et continuellement neuf : il se fond naturellement dans son environnement ; le mental et le cœur ne s’opposant plus, il ne crée plus d’entropie dans la relation avec lui-même et les autres. Comprenant le mouvement de sa pensée, il devient lucide, calme, simple et réaliste. Il observe et sait écouter comme un enfant réceptif et ouvert.
Pour vivre cette réalité universelle de la relation consciente, je dois me connaître et reconnaître le passage entre « je suis isolé » et « je suis glorieusement seul ». Dans ce passage, le masque de l’isolement, de la rupture et de l’exil tombe. Que l’acteur joue le rôle de celui qui est isolé, limité, perdu, sans amour, ou le rôle du narcissique, de l’orgueilleux ou du vaniteux, tous les masques se fondent dans la beauté de l’Etre originel. C’est le passage de la résurrection. Le mouvement de l’un vers l’autre retrouvé, le point de vue de la relativité est laissé au profit d’une nouvelle énergie, celle de vivre le jeu de l’instant présent, jeu de la parenté singulière en même temps qu’universelle.
Comprendre cela nous donne l’opportunité de ne pas tomber dans le piége de l’objectivité mentale : « il a tort, j’ai raison. Je suis victime de la vie (l’avis) des autres ». Reconnaître cette non-dualité me fait comprendre que, si je suis malheureux ou inconfortable, l’autre n’en est jamais la véritable cause. L’autre me signale que je sors de la paix, il ne me fait pas la guerre…
Communiquer avec eux me procure beaucoup de satisfaction et de plénitude. Établi dans un silence intérieur je me sens pleinement élève de mon amie « Relation »(rires).
Avec les étudiants ou les amis qui viennent dans les ateliers, je continue à apprendre l’unité avec toute personne. La conscience de la perception d’unicité procure un sentiment de partage pédagogique, de confiance et d’émerveillement. Se sentir proche, pareil, humain, est un sentiment subtil de gratitude et de luminosité infinie. Vivre le miracle de la vie est une émotion de joie pure où tout devient sacré. Nous sommes tous le mouvement de la relation qui « s’apprend » à être relation consciente … A chaque rencontre, par un mystère inouï, la solution arrive, imprévue et toujours nouvelle, C’est comme si la liberté se libérait en ensemençant un sentiment d’ouverture transmissible. La personne se détend et devient ouverte à un nouveau processus de transformation psychologique et spirituel : l’amour inconditionnel va débusquer le Vrai et l’Authentique sous les masques de la personnalité. La sagesse enfouie au cœur de chaque être se dévoile dans un processus actif de lâcher prise. Elle nous ramène au bord de l’endroit qui nous a vu naître et nous verra mourir : migration intemporelle sans pourquoi ni comment… Ainsi le pont de la relation se dévoile, l’arche de l’alliance se fait. Cette force créatrice transperce toutes les souffrances mentales, les dissout. Etablis dans ce silence intérieur, pleinement en unité, nous partageons un sentiment indicible de confiance qui nous enrichit mutuellement. C'est comme si la personne se disait « quelqu'un m'écoute, me reconnaît et m’aime. Quelqu'un partage enfin ce que je suis ». Alors elle devient plus ouverte au processus de changement. C'est étonnant de constater comment les situations qui semblaient insolubles deviennent simples, les confusions qui semblaient irrémédiables se transforment en courants fluides et clairs chez celui qui est écouté. L’intelligence vivante et universelle se met en œuvre. Surgie du silence d’éternité, cette énergie pure d’amour dessine et met de la musique dans nos paroles.
Centrés dans le silence immuable, le mouvement de l’un à l’autre s’interconnecte vraiment. La relation consciente nous conduit et nous unit à la simplicité joyeuse. Dans cet espace relationnel s’ensemence la naissance de l’homme libéré de ses illusions, de ses peurs ou de ses fantasmes.
- Libre d’être silencieux en écoutant l’autre sans jugement.
- Libre de parler vrai avec délicatesse mais sans compromission
- Libre de dialoguer dans une dynamique relationnelle nouvelle
dans laquelle l’autre devient aussi la solution.
- Libre des conditionnements, des réactions inconscientes, de l’égocentrisme.
- Libre de reconnaître nos besoins fondamentaux
- Libre de désirer ce que veut la vie.
Au-delà des apparences et du message immédiat échangé, la gloire universelle, mystérieuse et cachée, se dévoile. Une communion intime se crée de plus en plus dans l’échange des paroles et des idées ; la diversité des êtres se fond dans l’unité. C’est un bien-être de se sentir soi-même en contact avec ce qui est universellement soi et vrai. Comme le rendez-vous des rayons du soleil avec les vitraux des cathédrales, il y a de la lumière, de la beauté et du sacré dans chaque rencontre. Elle sert de révélateur des lois de l’âme humaine ; elle offre et donne l’opportunité d’accéder au cadeau caché, à l’ordre impensable du mystère qui réunit l’homme, la terre et l'univers en un tout. «C’est par cette compréhension simple et joyeuse que je suis sorti de ma solitude pour devenir un Nouvel être humain. »
Seul Dieu parle depuis le commencement (rires).
Il n’y a pas un chant d’oiseau qui ne soit pas Lui… Il est le créateur de tous les sons et de tous les êtres. Lorsque deux humains parlent, c’est Dieu qui dialogue… Si les hommes l’oublient, sa parole unique devient deux paroles, deux moi, deux corps. La séparation est confirmée, la dualité relationnelle devient un vrai mensonge… le bien le mal, la vérité la faute, les causes et les effets etc. Le masque est collé au corps et à l’intuition: « Je suis ici, l’autre est là. Maintenant quelque chose me manque. » Dès cet instant, les hommes vont parler de la séparation comme d’une évidence abstraite logique et mentale. En réalité ils expliquent, conçoivent, et préméditent la séparation d’avec le divin. En réalité ils restent à l’intérieur du mensonge par une « pensée-sirène » : « Je sais que ce que je pense est vrai ; je suis un chercheur perdu ! ». Cette présomption de culpabilité devra être passée au crible de la joyeuse modestie… : « Je suis immaculé et ma présence émerveillée est avant le bien et le mal. Je suis le verbe créateur avant les langues humaines, avant la tour de Babel. Je suis humblement Dieu avant de devenir deux… Je suis omniprésent, ici, totalement lucide et émerveillé du lien avec « Je suis tout, je suis cela, infini, continûment. »
- Au début de la vie terrestre, je suis un oiseau enfermé dans ma coquille, je ne sais pas que je suis un oiseau et qu’il y a un dehors ! Je vis dans mon monde intérieur totalement sous la dépendance des processus héréditaires et automatiques de transmission de l’espèce.
- Ensuite je perce ma coquille, j’en sors et j’apprends à vivre ma vie à partir du modèle culturel et familial. Je ne me sens pas libre. Je me rends compte que je suis dans une cage ! (réflexes relationnels réactifs appris par mimétisme). C’est la voie psychologique.
- L’oiseau a trouvé la porte de la cage, elle était déjà ouverte ! Il vole dans l’environnement immédiat mais revient au nid ! (habitude du connu et d’être prisonnier). C’est le début de la quête spirituelle.
- L’oiseau devient le vol. Il n’est plus identifié à un objet ou à une chose ; il est l’intelligence de la voie spirituelle, il devient le processus vivant, le geste de « Dieu », il est la voie. Il devient la relation entre Dieu et sa créature…..
Je suis née avant le soleil et la lune.
Je suis née avant les rivières et les océans.
Je suis née avant les fleurs et les animaux.
Je suis née avant les humains.
Je suis née avant les pensées de naissance ou de mort,
C’est de moi que verdit et fleurit le printemps.
Je suis sans mesure et sans but/
Mon avenir n’a pas de dettes, mon passé n’est pas écrit.
Mon cœur est dans toutes les formes et je me maintiens dans ma propre nature.
Je suis présente de toute éternité ensemencée au cœur de toute origine.
Ici, je tisse le lien avec toi ! Je donne mon être… infiniment.
Mon nom est : « relation ».
À chaque seconde, 7 billards de neurones sont en relation pour maintenir en vie chaque individu ! La terre est traversée immédiatement par des particules venant du soleil (neutrinos) ! Les scientifiques nous disent « tout est relation, tout est relié », les sages nous disent « tu es cela !» Alors qu’est-ce que la relation pour vous ?
J’entretiens une relation intime et privilégiée avec mon amie relation ! Elle m’enseigne jour et nuit les secrets de son humanité… (rires). Le procédé mystérieux de la relation est le nouveau défi proposé à l’espèce humaine. Malgré Internet, nous sommes à l’âge de pierre de la communication, pourtant la vie nous oblige à nous rencontrer et à vivre ensemble.
L’art de la relation se construit dans la spontanéité de chaque instant : c’est être conscient que chaque événement présenté par la vie, ici et maintenant, est une opportunité pour découvrir la solution de l’existence ; c’est observer pour connaître et se reconnaître en devenant lucide des lois naturelles de la vie.
Alors comment « vivre ensemble » et donc comment faire consciemment la paix ?
Vivre en paix est un état naturel auquel chaque homme aspire. Nous ne sommes pas faits pour vivre des cauchemars relationnels : ne pas savoir aimer ou ne pas être aimé. La paix avec les autres et en soi passe par une relation authentique sans l’obligation des larmes... Nous devons contacter l’intimité de notre être profond pour ressentir pleinement ce que nous sommes vraiment et faire la paix en nous. Penser que nous pouvons en tant qu’individu changer notre relation à l’autre sans nous clarifier intérieurement est un « doux leurre » et respecter l’autre, alors qu’à l’intérieur de nous c’est la tempête, une utopie romantique. Cela ne nous laissera qu’un sentiment de culpabilité, d’égoïsme et d’impuissance de ne pouvoir rien faire dans la réalité !
La seule paix sur laquelle nous pouvons avoir une influence réelle immédiate est celle que nous sommes capables de générer à l’intérieur de notre propre esprit. Notre responsabilité, c’est d’être « clairvoyant » sur ce qui se passe dans notre jardin intérieur en relation avec le jardin de l’autre : l’art de la relation se cultive, la paix relationnelle ne descend pas au bout d’un parachute, elle vient de nous. La raison pour laquelle je qualifie cette relation de mystérieuse, c'est que la relation n’est pas une chose innée mais un principe d’apprentissage dissimulé, à réinventer, contenant le plaisir de la découverte.
Passer de la relation instinctive à la communication consciente...
Quand deux personnes se rencontrent, qu’elles le veuillent ou non, elles échangent une multitude d’informations conscientes et inconscientes qui déterminent leur comportement et leur jugement. La réponse immédiate à cette interaction est une habitude comportementale instinctive : soit vous vous ressentez simple, naturel, soit vous vous dévalorisez par démission ou séduisez par compensation. Là vous êtes relatif mais pas relié ! Alors pouvons-nous en finir avec la manipulation, et ne pas vouloir changer les autres tout en maintenant nos mécanismes de résistance au changement. Allons-nous nous ouvrir à la communication consciente ?
Oui, mais comment faire ?
Fuir sur une île déserte (rires)…ou faire de la relation une opportunité de croissance réciproque où l’autre sera la solution d’un nouvel « apprenti-sage »
Avant, le mot « relation » était synonyme de : « J’ai peur du lien, je voudrais partager mais j’ai peur des autres, je me sens séparé des choses, je ressens la perte du lien ontologique, ma vie n’a pas de sens, Aussi dois-je chercher quelqu'un qui me donne de l’amour, qui me rassure parce qu’en moi vivent le don et l’abandon, l’amour et le combat, l’espérance et la résignation, la joie et la tristesse, le courage et la lâcheté, la vérité et le mensonge, etc. En résumé : « si je ne me connais pas, je ne puis comprendre pas le monde. »
Alors dans toutes ces interrogations et ces incertitudes, avez-vous trouvé un guide ?
Le premier guide est la vie comme elle se présente dans la rencontre avec le tout, famille, amis, nature. J’ai aussi rencontré des « Sages » qui m’ont aidé à retrouver ma véritable nature. Avant la mise en place du processus de l’éveil, j’étais robuste ! Je protégeais mon ego, mes illusions, mes croyances, mes opinions, mes certitudes, mes acquis, mes peurs sans le savoir… (rires). J’étais instinctif, inconscient de mes modèles réactionnels automatiques. J’étais dans ma coquille et je la protégeais… Je protégeais mon image-moi plutôt que ma nature essentielle.
La rencontre avec un sage authentique fait grandir sans créer de « dressage ». Elle est bouleversante par la reconnaissance du vrai. Le sage est sans concession. Il ne réduit pas l’exigence du vrai à un confort... Il conduit l’élève vers l’autoréférence.
Ce sage n’est ni sauvage, ni domestiqué, il possède la pédagogie de l’amour ainsi que l’omniscience ! Tout ce qui n’est pas le vrai est balayé.
L’omniscience de la relation, est-ce de tout connaître ?
Le sage connaît les stratégies de l’erreur, les impasses dorées, les sirènes mentales. Il n’est pas dupe des transcendances illusoires et du confort des paillasses mentales. Discriminant par son intuition vive, il défie les modèles explicatifs des sciences provisoires. Il n’est pas un charognard qui se délecte des restes des concepts pensés par les autres ; il est vif, tranchant, bienveillant, surprenant. Lucide, il suscite l’interrogation créatrice, il veille sur « je ne sais pas ». Il n’est pas un ignorant ou un sot, il connaît les différentes voies qui mènent au sommet et celles pour en descendre. Il n’y reste pas, il est mouvement de la voie, pas le but. Il connaît les étapes mais ne s’y engraisse pas. Il est omniscient des pratiques qui permettent le retour au vrai, mais aussi, il connaît les pratiques de l’erreur, il leur a consacré beaucoup de temps ! (rires)
La communication consciente est un mouvement entre deux êtres désireux de créer un pont entre deux rives. Elle est ce qui unit les individus comme le silence relie les paroles.
Si, au départ, notre point de vue ne peut qu’être que relatif ! Alors comment se comprendre ?
Comprendre l’autre relève d’une intention à se relier pour que l’instant vécu ensemble soit unique et singulier, commotion de la relation où il ne manque rien.
Comprendre l’autre, créer le mouvement de l’un vers l’autre, comme le geste de tendre la main et se dire « Bonjour » me permet de vérifier si je l’ai compris. Comprendre l’autre c’est m’enrichir de son point de vue. C’est être capable de lui donner toutes les chances d’exister dans sa différence. Agrandir son monde intérieur c’est une intention à communiquer, un geste à faire en soi.
Alors la communication consciente passe par la délicatesse du cœur, c’est une intention volontaire à se comprendre mutuellement ?
Oui, quand l’homme est capable de contacter simplement le courant créateur disponible dans chaque moment, tout devient simple et continuellement neuf : il se fond naturellement dans son environnement ; le mental et le cœur ne s’opposant plus, il ne crée plus d’entropie dans la relation avec lui-même et les autres. Comprenant le mouvement de sa pensée, il devient lucide, calme, simple et réaliste. Il observe et sait écouter comme un enfant réceptif et ouvert.
Le passage de la résurrection
Pour vivre cette réalité universelle de la relation consciente, je dois me connaître et reconnaître le passage entre « je suis isolé » et « je suis glorieusement seul ». Dans ce passage, le masque de l’isolement, de la rupture et de l’exil tombe. Que l’acteur joue le rôle de celui qui est isolé, limité, perdu, sans amour, ou le rôle du narcissique, de l’orgueilleux ou du vaniteux, tous les masques se fondent dans la beauté de l’Etre originel. C’est le passage de la résurrection. Le mouvement de l’un vers l’autre retrouvé, le point de vue de la relativité est laissé au profit d’une nouvelle énergie, celle de vivre le jeu de l’instant présent, jeu de la parenté singulière en même temps qu’universelle.
Comprendre cela nous donne l’opportunité de ne pas tomber dans le piége de l’objectivité mentale : « il a tort, j’ai raison. Je suis victime de la vie (l’avis) des autres ». Reconnaître cette non-dualité me fait comprendre que, si je suis malheureux ou inconfortable, l’autre n’en est jamais la véritable cause. L’autre me signale que je sors de la paix, il ne me fait pas la guerre…
Aujourd’hui vous êtes psycho-gérontolongue, chargé d’enseignement en sciences et techniques de la communication, comment vivez-vous la relation avec les étudiants qui ne connaissent pas votre passé de chercheur de l’essentiel ?
Communiquer avec eux me procure beaucoup de satisfaction et de plénitude. Établi dans un silence intérieur je me sens pleinement élève de mon amie « Relation »(rires).
Avec les étudiants ou les amis qui viennent dans les ateliers, je continue à apprendre l’unité avec toute personne. La conscience de la perception d’unicité procure un sentiment de partage pédagogique, de confiance et d’émerveillement. Se sentir proche, pareil, humain, est un sentiment subtil de gratitude et de luminosité infinie. Vivre le miracle de la vie est une émotion de joie pure où tout devient sacré. Nous sommes tous le mouvement de la relation qui « s’apprend » à être relation consciente … A chaque rencontre, par un mystère inouï, la solution arrive, imprévue et toujours nouvelle, C’est comme si la liberté se libérait en ensemençant un sentiment d’ouverture transmissible. La personne se détend et devient ouverte à un nouveau processus de transformation psychologique et spirituel : l’amour inconditionnel va débusquer le Vrai et l’Authentique sous les masques de la personnalité. La sagesse enfouie au cœur de chaque être se dévoile dans un processus actif de lâcher prise. Elle nous ramène au bord de l’endroit qui nous a vu naître et nous verra mourir : migration intemporelle sans pourquoi ni comment… Ainsi le pont de la relation se dévoile, l’arche de l’alliance se fait. Cette force créatrice transperce toutes les souffrances mentales, les dissout. Etablis dans ce silence intérieur, pleinement en unité, nous partageons un sentiment indicible de confiance qui nous enrichit mutuellement. C'est comme si la personne se disait « quelqu'un m'écoute, me reconnaît et m’aime. Quelqu'un partage enfin ce que je suis ». Alors elle devient plus ouverte au processus de changement. C'est étonnant de constater comment les situations qui semblaient insolubles deviennent simples, les confusions qui semblaient irrémédiables se transforment en courants fluides et clairs chez celui qui est écouté. L’intelligence vivante et universelle se met en œuvre. Surgie du silence d’éternité, cette énergie pure d’amour dessine et met de la musique dans nos paroles.
Centrés dans le silence immuable, le mouvement de l’un à l’autre s’interconnecte vraiment. La relation consciente nous conduit et nous unit à la simplicité joyeuse. Dans cet espace relationnel s’ensemence la naissance de l’homme libéré de ses illusions, de ses peurs ou de ses fantasmes.
- Libre d’être silencieux en écoutant l’autre sans jugement.
- Libre de parler vrai avec délicatesse mais sans compromission
- Libre de dialoguer dans une dynamique relationnelle nouvelle
dans laquelle l’autre devient aussi la solution.
- Libre des conditionnements, des réactions inconscientes, de l’égocentrisme.
- Libre de reconnaître nos besoins fondamentaux
- Libre de désirer ce que veut la vie.
Avez-vous l’impression, qu’aujourd’hui, les gens accèdent à plus de conscience ? Sont-ils plus ouverts au processus de changement ?
Au-delà des apparences et du message immédiat échangé, la gloire universelle, mystérieuse et cachée, se dévoile. Une communion intime se crée de plus en plus dans l’échange des paroles et des idées ; la diversité des êtres se fond dans l’unité. C’est un bien-être de se sentir soi-même en contact avec ce qui est universellement soi et vrai. Comme le rendez-vous des rayons du soleil avec les vitraux des cathédrales, il y a de la lumière, de la beauté et du sacré dans chaque rencontre. Elle sert de révélateur des lois de l’âme humaine ; elle offre et donne l’opportunité d’accéder au cadeau caché, à l’ordre impensable du mystère qui réunit l’homme, la terre et l'univers en un tout. «C’est par cette compréhension simple et joyeuse que je suis sorti de ma solitude pour devenir un Nouvel être humain. »
Osons une analogie religieuse…
Seul Dieu parle depuis le commencement (rires).
Il n’y a pas un chant d’oiseau qui ne soit pas Lui… Il est le créateur de tous les sons et de tous les êtres. Lorsque deux humains parlent, c’est Dieu qui dialogue… Si les hommes l’oublient, sa parole unique devient deux paroles, deux moi, deux corps. La séparation est confirmée, la dualité relationnelle devient un vrai mensonge… le bien le mal, la vérité la faute, les causes et les effets etc. Le masque est collé au corps et à l’intuition: « Je suis ici, l’autre est là. Maintenant quelque chose me manque. » Dès cet instant, les hommes vont parler de la séparation comme d’une évidence abstraite logique et mentale. En réalité ils expliquent, conçoivent, et préméditent la séparation d’avec le divin. En réalité ils restent à l’intérieur du mensonge par une « pensée-sirène » : « Je sais que ce que je pense est vrai ; je suis un chercheur perdu ! ». Cette présomption de culpabilité devra être passée au crible de la joyeuse modestie… : « Je suis immaculé et ma présence émerveillée est avant le bien et le mal. Je suis le verbe créateur avant les langues humaines, avant la tour de Babel. Je suis humblement Dieu avant de devenir deux… Je suis omniprésent, ici, totalement lucide et émerveillé du lien avec « Je suis tout, je suis cela, infini, continûment. »
Fais comme l’oiseau …..
Pour résumer la pédagogie relationnelle du voyage d’ici à ici, prenons l’analogie d’un oiseau !- Au début de la vie terrestre, je suis un oiseau enfermé dans ma coquille, je ne sais pas que je suis un oiseau et qu’il y a un dehors ! Je vis dans mon monde intérieur totalement sous la dépendance des processus héréditaires et automatiques de transmission de l’espèce.
- Ensuite je perce ma coquille, j’en sors et j’apprends à vivre ma vie à partir du modèle culturel et familial. Je ne me sens pas libre. Je me rends compte que je suis dans une cage ! (réflexes relationnels réactifs appris par mimétisme). C’est la voie psychologique.
- L’oiseau a trouvé la porte de la cage, elle était déjà ouverte ! Il vole dans l’environnement immédiat mais revient au nid ! (habitude du connu et d’être prisonnier). C’est le début de la quête spirituelle.
- L’oiseau devient le vol. Il n’est plus identifié à un objet ou à une chose ; il est l’intelligence de la voie spirituelle, il devient le processus vivant, le geste de « Dieu », il est la voie. Il devient la relation entre Dieu et sa créature…..