Extrait de « Tout est conscience » de Ramesh Balsekar
L'unicité et la dualité du noumène et des phénomènes
Noumène et phénomènes, énergie potentielle et énergie active, pensée et action sont essentiellement Un dans l'Unicité et n'existent que dans la phénoménalité.
L'océan demeure le même, qu'il y ait ou non des vagues à sa surface.
C'est comme si l'océan jouait sportivement avec les vagues.
De même pour l'énergie, quand elle souhaite se voir en action, elle active sa potentialité dans l'actualisation de la vie phénoménale, mais essentiellement il n'y a pas deux.
Il y a seulement énergie, potentielle ou active.
Le noumène non-manifesté, dans une explosion d'énergie et d'amour, devient la manifestation phénoménale - la vie telle que nous la connaissons - mais essentiellement il n'y a qu'Unicité.
Quand le jeu de l'amour s'est épuisé, les phénomènes manifestés retournent au noumène non manifesté dans l'Unicité.
Même dire que noumène et phénomènes, Nirvana et Samsara sont Un serait leur reconnaître une dualité. En vérité ils sont simplement deux aspects de l'Unicité fondamentale, exprimés dans la dualité afin que puisse naître une compréhension de cette Unicité fondamentale. Quand ce concept de dualité est abandonné, il ne reste plus que la vérité de l'Unicité.
Maya est le premier concept de l'Unicité s'exprimant dans son aspect duel, non-manifesté et manifesté. Et c'est le miracle de la maya que l'Un non manifesté se présente sous l'aspect multiforme des phénomènes tandis que l'Unicité originelle demeure intacte et indivisée.
La conscience non consciente d'elle-même devient soudainement consciente d'elle-même, et à cet instant naît l'univers et son infinie diversité. La Conscience est immanente en chaque atome et sub-atome et, merveille des merveilles, elle transcende en même temps la manifestation et tout son contenu.
Noumène et phénomènes - non-manifesté et manifesté - sont Un en essence.
Un, qui s'est scindé de son propre fait en un mirage dans le seul but de goûter cette dualité par la vie et le jeu de vivre.
De même qu'il peut y avoir deux instruments de musiques (ou plus) et un seul son, deux lampes (ou plus) et une même lumière, deux yeux mais une seule vision, la manifestation entière n'est rien d'autre que l'expression du noumène.
Au terme de cette expression, quand l'énergie active s'est épuisée, la manifestation entière retourne au non manifesté.
"Telle l’araignée qui exprime son fil à partir de sa propre bouche, joue ensuite avec lui, pour enfin le n'absorber en elle, le Seigneur immuable, sans forme, sans attributs, connaissance et félicité absolue, tire l'univers entier de Lui-même, s'en amuse pour un temps, et pour finir le redissout en Lui-même. (Bhagvatam)