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samedi 25 juin 2011

Abîme

Article du site « Propos sur la non-dualité et l'unicité absolue » de Monko


Avec Angélus, je peux dire ceci: "Je ne suis pas ce que je sais, je ne sais pas ce que je suis".

Chaque fois que mon regard se penche, s'épanche vers ce que les hommes appellent l'intérieur ou extérieur, c'est un grand vide sans fond, un abîme qui s'ouvre dans lequel rien ne peut adhérer, nul savoir, nulle ignorance. Le vaste monde est un abîme, le corps est un abîme, l'esprit est un abîme. Un seul abîme, qui ne connaît pas de dimension, de contour ; il est sans couleur, sans odeur, sans senation, sans pensée, sans émotion, sans son, sans silence, sans conscience; il n'est ni rien ni quelque chose, rien ni personne ne peuvent le décrire, l'approcher, s'en séparer.

Alors ils disent: "le Soi est ce qui perçoit, la Conscience est ce qui voit".
Mais percevoir quoi ? Une table ? Le chant de l'oiseau ? La montagne ?
Et alors ? Quelle différence cela fait-il que ce soit la Conscience ou moi qui perçoivent ces choses ?
Il y a que ces diseurs de slogans ne sont jamais tombés dans le vide.
Sinon ils verraient qu'ils ne voient ou n'entendent rien.
Ils verraient qu'ils ne sont que cécité, surdité, dépourvus de tout sens tactile, olfactif, sensoriel, dépourvus de toute pensée, de toute émotion...
Ils verraient "qu'il y a qu'il n'y a pas".
Et pourtant, oui, sans cesse un miracle s'opère : il y a bien quelque chose.
Et "il y a qu'il y a" pensée, sensation, son, perception visuelle, toucher, odeurs.
Et c'est l'abîme qui, étant l'origine de tout cela, le rend possible, et unifié, par la Conscience.
Et par la Conscience, qu'on peut comprendre comme l'interface entre le vide et le plein, permet l'expérience que tout ce qui est est l'abîme même, que tout être n'est pas et que tout non-être est, que le monde existe et n'existe pas au même instant, et que tout cela n'est que Conscience.
Aussi la Conscience ne perçoit-elle pas d'objets "réels" ou "irréels", mais ne perçoit qu'elle-même, elle EST la connaissance du "vide en tant que le plein".

Mais que sont toutes ces explications, au fond ?
Une simple tentative poétique de vous dire à quel point je vis, quotidiennement, dépourvu de ce genre de pensées ou compréhensions. Tout cela pour dire que "ne pas comprendre" est ce qu'il y a de plus intime (comme l'abîme), comme le disait Rakan Keichin (867-928), maître zen.
On comprend la Voie sans la comprendre, car la voie, pénétrant tout, ne laisse aucune place à un individu "compréhensif" car il faudrait pour cela créer une séparation, une "second", et donc une faille au sein de l'abîme !...

Voilà pourquoi la véritable pratique se déploie en l'absence de toute idée de pratiquer, la véritable assise en l'absence de toute idée de s'asseoir. Alors, instantanément, s'asseoir est tomber dans l'abîme, l'ultime réalité...

Alors, ayant ouvert ce post avec Angélus, fermons-le avec lui:

"Ce que Dieu est, nul ne le sait. Il n'est ni lumière, ni esprit, ni béatitude, ni unité, ni ce qu'on nomme Déité, ni sagesse, ni intelligence, ni amour, ni vouloir, ni bonté, ni chose, ni d'ailleurs non-chose, ni essence, ni affect. Il est ce que ni moi, ni toi, ni nul être ne peut éprouver tant que nous ne sommes pas devenus ce qu'Il est..."