Extrait de « L'obligation de conscience»
de Yvan Amar
de Yvan Amar
L'éveillé se sait acteur d'une utopie : aucune pensée, aucun sentiment, aucune action ne peut enfermer ou exprimer ce sens, mais celui-ci peut, par une coopération intelligente, transformer la pensée, le sentiment et l'action en un témoignage de plus en plus vivant, de plus en plus imprégné de la réalité qui les sous-tend. Avec le temps, un tel éveillé devient docile à cette intention, la divine volonté. C'est par cette docilité, par cette soumission que, peu à peu, l'esprit et le cœur se trouvent transformés, puis le corps.
Au cours de cette transformation - qui peut prendre des années -, une évidence s'installe, à un moment donné : il est temps de transmettre, il est temps d'enseigner.
L'irruption de l'éveil dans la vie d'un homme ne fait pas d'emblée de lui un instructeur ;
cela lui révèle sa nature d'enseignant.
Seul ce qui est vécu jusque dans le corps d'une façon absolue peut être appelé éveil.
Dans l'éveil, il ne peut subsister un seul recoin d'ombre. On ne peut appeler « éveil » ou « illumination » que ce qui éclaire d'une façon absolue le sens et la nature de la vie.
Pour celui en qui cet éveil se produit, tous les aspects de son être sont complètement éclairés par cette illumination : l'esprit, le cœur et le corps.
Dans l'esprit, aucun doute ne subsiste : il y a l'évidence de la réalité.
Dans le cœur, il n'y a plus de place que pour la compassion infinie envers tout ce qui existe, animé ou apparemment inanimé.
Dans le corps, une joie indicible à la place de la peur habituelle, parce que tout sentiment de séparation, même sur le plan physique, a disparu dans cet éveil.
Plus de peur, plus de mort ne restent que l'existence infinie, la conscience infinie, la joie infinie.
Ce qui est reconnu dans cette illumination l'est une fois pour toutes.
Au cœur de cette illumination est reconnue, pour ceux dont la vocation est d'enseigner, une destinée qui se manifestera tôt ou tard, qui est de témoigner, de partager, d'enseigner.
C'est avec le temps que le processus mis en route par l'éveil transforme suffisamment la personne pour en faire un outil digne de cette tâche. C'est pourquoi il est assez rare qu'un éveillé enseigne immédiatement après l'éveil ou que son enseignement soit structuré dès l'éveil. L'essence et les principes sont présents, mais la forme, dans sa vie et dans l'énoncé, demande en général quelques années. Cependant, il est bon aussi de préciser qu'un instructeur peut commencer à enseigner, à témoigner de cette réalité dès qu'il se sent naturellement digne de le faire, même s'il n'est pas encore - et peu s'en faut - ce qu'on appelle dans la tradition un "saint", un réalisé ou un gourou.
Celui que la tradition appelle un réalisé est un être qui est complètement établi dans cet éveil et qui a complètement intégré, sur tous les plans, la nature de cette illumination. I
l est transformé sur le plan de l'esprit, il ne reste plus de doute en lui ; il éprouve une évidence sereine immuable qui ne relève absolument pas de la certitude ou de la conviction intellectuelle à laquelle prétendent ceux qui croient avoir raison.
Sa raison à lui est éclairée par l'évidence de ce qu'il est et reconnaît.
Son cœur, où siègent habituellement les émotions et les sentiments, est également transformé : la colère a été convertie en compassion infinie, en amour envers tous les êtres, de façon spontanée, non réfléchie. Son cœur est le pardon vivant, il n'y a plus place pour l'offensé. Il est le lieu naturel et spontané de la geste infinie de l'amour, dont le sens est toujours de se reconnaître dans le regard de ceux qui s'aiment.
Et enfin, cela est certainement le processus le plus rare qui soit de trouver son corps également transformé, en ce sens où a disparu de ce corps la suprématie régnante de la peur ordinaire, liée au sentiment physique de séparation d'avec ce qui est. Il ne se prend tout simplement plus pour un corps séparé. Il est un, jusque dans les sensations sur le plan physique, matériel, il est un avec tout ce qui est. Son corps est l'univers tout entier. Le sentiment et la sensation de séparation étant abolie, il ne peut plus y avoir en lui d'attachement à un corps existant entre une naissance et une mort. Il n'y a donc plus en lui la peur de la mort. On dit que les atomes de son corps tournent dans un sens différent. Il n'y a que la Vie en lui. Cela se traduit dans son corps par l'expérience constante de la joie cellulaire, quel que soit le vécu sensoriel de plaisir ou de douleur.
Celui en qui le processus transformateur est arrivé à ce stade d'intégration, celui-là seul est digne du titre, ô combien déprécié et galvaudé aujourd'hui, de maître spirituel, de gourou et de saint. Je ne suis pas un tel gourou, ni un tel saint, ni un tel maître spirituel.
Aujourd'hui, des personnes interrogées soulignent souvent qu'elles ne sont pas des gourous, pour se protéger d'une appellation devenue péjorative. Actuellement, c'est presque une insulte de dire de quelqu'un qu'il est un gourou. Très souvent, dans les milieux dits spirituels ou religieux, on trouve des personnes qui se défendent d'être des gourous comme si elles se défendaient d'une accusation, formulée ou non. Ces gens-là sont bien loin de savoir ce qu'est un véritable gourou. Quant à moi, je me défends d'être un gourou à cause du respect infini que je porte à ce titre et à ce qu'il signifie véritablement.
Le mot « gourou » signifie étymologiquement, en sanscrit, « lourd », « qui a du poids ».
Cela veut dire, dans son sens le plus profond, celui justement dont le corps est le poids de la réalité, celui qui a intégré dans sa chair et son sang la nature de cette réalité vécue dans l'éveil. C'est un titre auquel peu d'êtres peuvent prétendre. J'ai trop de respect pour ce titre et ce qu'il représente pour l'usurper.
On peut être instructeur sans être un saint, sans être un gourou.
On est instructeur par mission, par vocation, par destinée.
À partir du moment où la vie vous sent digne d'accomplir cette tâche, même si vous n'avez pas intégré jusque dans votre corps ce qui a été vécu dans l'éveil - et qui n'a cessé de vous travailler comme un processus vivant depuis ce jour-là -, la vie peut vous signifier, à un moment donné, de témoigner, d'enseigner. Ce que l'on a intégré jusqu'alors est en tout cas largement suffisant pour les personnes qui veulent bien en faire la source d'une nouvelle direction dans leur vie.
C'est également suffisant pour l'instructeur comme rappel de son devoir d'honnêteté, de sincérité, d'impeccabilité.
Je suis un tel instructeur.
Ma vie est celle d'un instructeur, et c'est à ce titre que je témoigne de l'enseignement.
Au cours de cette transformation - qui peut prendre des années -, une évidence s'installe, à un moment donné : il est temps de transmettre, il est temps d'enseigner.
L'irruption de l'éveil dans la vie d'un homme ne fait pas d'emblée de lui un instructeur ;
cela lui révèle sa nature d'enseignant.
Seul ce qui est vécu jusque dans le corps d'une façon absolue peut être appelé éveil.
Dans l'éveil, il ne peut subsister un seul recoin d'ombre. On ne peut appeler « éveil » ou « illumination » que ce qui éclaire d'une façon absolue le sens et la nature de la vie.
Pour celui en qui cet éveil se produit, tous les aspects de son être sont complètement éclairés par cette illumination : l'esprit, le cœur et le corps.
Dans l'esprit, aucun doute ne subsiste : il y a l'évidence de la réalité.
Dans le cœur, il n'y a plus de place que pour la compassion infinie envers tout ce qui existe, animé ou apparemment inanimé.
Dans le corps, une joie indicible à la place de la peur habituelle, parce que tout sentiment de séparation, même sur le plan physique, a disparu dans cet éveil.
Plus de peur, plus de mort ne restent que l'existence infinie, la conscience infinie, la joie infinie.
Ce qui est reconnu dans cette illumination l'est une fois pour toutes.
Au cœur de cette illumination est reconnue, pour ceux dont la vocation est d'enseigner, une destinée qui se manifestera tôt ou tard, qui est de témoigner, de partager, d'enseigner.
C'est avec le temps que le processus mis en route par l'éveil transforme suffisamment la personne pour en faire un outil digne de cette tâche. C'est pourquoi il est assez rare qu'un éveillé enseigne immédiatement après l'éveil ou que son enseignement soit structuré dès l'éveil. L'essence et les principes sont présents, mais la forme, dans sa vie et dans l'énoncé, demande en général quelques années. Cependant, il est bon aussi de préciser qu'un instructeur peut commencer à enseigner, à témoigner de cette réalité dès qu'il se sent naturellement digne de le faire, même s'il n'est pas encore - et peu s'en faut - ce qu'on appelle dans la tradition un "saint", un réalisé ou un gourou.
Celui que la tradition appelle un réalisé est un être qui est complètement établi dans cet éveil et qui a complètement intégré, sur tous les plans, la nature de cette illumination. I
l est transformé sur le plan de l'esprit, il ne reste plus de doute en lui ; il éprouve une évidence sereine immuable qui ne relève absolument pas de la certitude ou de la conviction intellectuelle à laquelle prétendent ceux qui croient avoir raison.
Sa raison à lui est éclairée par l'évidence de ce qu'il est et reconnaît.
Son cœur, où siègent habituellement les émotions et les sentiments, est également transformé : la colère a été convertie en compassion infinie, en amour envers tous les êtres, de façon spontanée, non réfléchie. Son cœur est le pardon vivant, il n'y a plus place pour l'offensé. Il est le lieu naturel et spontané de la geste infinie de l'amour, dont le sens est toujours de se reconnaître dans le regard de ceux qui s'aiment.
Et enfin, cela est certainement le processus le plus rare qui soit de trouver son corps également transformé, en ce sens où a disparu de ce corps la suprématie régnante de la peur ordinaire, liée au sentiment physique de séparation d'avec ce qui est. Il ne se prend tout simplement plus pour un corps séparé. Il est un, jusque dans les sensations sur le plan physique, matériel, il est un avec tout ce qui est. Son corps est l'univers tout entier. Le sentiment et la sensation de séparation étant abolie, il ne peut plus y avoir en lui d'attachement à un corps existant entre une naissance et une mort. Il n'y a donc plus en lui la peur de la mort. On dit que les atomes de son corps tournent dans un sens différent. Il n'y a que la Vie en lui. Cela se traduit dans son corps par l'expérience constante de la joie cellulaire, quel que soit le vécu sensoriel de plaisir ou de douleur.
Celui en qui le processus transformateur est arrivé à ce stade d'intégration, celui-là seul est digne du titre, ô combien déprécié et galvaudé aujourd'hui, de maître spirituel, de gourou et de saint. Je ne suis pas un tel gourou, ni un tel saint, ni un tel maître spirituel.
Aujourd'hui, des personnes interrogées soulignent souvent qu'elles ne sont pas des gourous, pour se protéger d'une appellation devenue péjorative. Actuellement, c'est presque une insulte de dire de quelqu'un qu'il est un gourou. Très souvent, dans les milieux dits spirituels ou religieux, on trouve des personnes qui se défendent d'être des gourous comme si elles se défendaient d'une accusation, formulée ou non. Ces gens-là sont bien loin de savoir ce qu'est un véritable gourou. Quant à moi, je me défends d'être un gourou à cause du respect infini que je porte à ce titre et à ce qu'il signifie véritablement.
Le mot « gourou » signifie étymologiquement, en sanscrit, « lourd », « qui a du poids ».
Cela veut dire, dans son sens le plus profond, celui justement dont le corps est le poids de la réalité, celui qui a intégré dans sa chair et son sang la nature de cette réalité vécue dans l'éveil. C'est un titre auquel peu d'êtres peuvent prétendre. J'ai trop de respect pour ce titre et ce qu'il représente pour l'usurper.
On peut être instructeur sans être un saint, sans être un gourou.
On est instructeur par mission, par vocation, par destinée.
À partir du moment où la vie vous sent digne d'accomplir cette tâche, même si vous n'avez pas intégré jusque dans votre corps ce qui a été vécu dans l'éveil - et qui n'a cessé de vous travailler comme un processus vivant depuis ce jour-là -, la vie peut vous signifier, à un moment donné, de témoigner, d'enseigner. Ce que l'on a intégré jusqu'alors est en tout cas largement suffisant pour les personnes qui veulent bien en faire la source d'une nouvelle direction dans leur vie.
C'est également suffisant pour l'instructeur comme rappel de son devoir d'honnêteté, de sincérité, d'impeccabilité.
Je suis un tel instructeur.
Ma vie est celle d'un instructeur, et c'est à ce titre que je témoigne de l'enseignement.