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jeudi 10 février 2011

Réflexions sur l'Eveil

par David Ciussi
Propos recueillis par A. M., Docteur en Anthropologie, le 22-07-01
André : Et pour toi David, l'éveil, ça s'est passé comment ?

David : La conjugaison d'une myriade d'expériences spirituelles personnelles, intimes, m'ont peu à peu conduit à une lecture transparente du monde. J'étais alors considéré par mes pairs, comme un être libre mais cet état, empreint d'une certaine félicité permanente, n'était néanmoins toujours pas l'éveil.

Cette lumineuse lecture du réel s'est habillée de différentes terminologies selon les époques ou traditions : Samadhi, illumination, béatitude, mais toutes ont en commun la découverte révélée du « geste des gestes » de conscience. Ce geste suprême, primordial (dans le sens reflet du Un avant la première dualité) considère la multiplicité des perceptions intuitives du réel. Il ne s'agit pas d'entendre seulement la découverte des aspects les plus fins du monde qui nous entoure par les cinq sens dont nous disposons ; c'est aussi une entrée en relation totale et non séparée avec tout ce qui est.

Ce processus conscient, permanent et intelligible s'est actualisé au coeur de la nuit profonde. Je suis passé du chercheur perdu à l'explorateur émerveillé dans une qualité de référence et de présence à jamais égalée.
Avant, le miroir était brisé et chaque morceau reflétait une partie incomplète, « du tout entier ». Après, tous ces fractionnements se sont unifiés. Le Principe Universel de la métamorphose était alors incarné dans une âme individuelle.

« Je suis la chenille et le papillon »

Cet état de grâce ultime ne m'a pas été asséné par surprise. Il s'est plutôt infiltré inexorablement en moi au fil de mes années d'exploration pour me submerger soudain. Je peux dès lors mieux sentir l'extraordinaire paradoxe de Dieu, Un et multiple à la fois. Je peux également vivre au coeur de mes cellules la présence de cette lumineuse intemporalité qui relativise en permanence la multiplicité apparente du monde.

Ce geste des gestes m'a entraîné au coeur de la partie plus profonde de mon être. Sans comprendre le mystère de la vie, je suis alors entré en résonance avec lui, devenant à mon tour, mystère vivant, vivant ! Car l'éveil à cette conscience (ou à ce « corps intemporel et insituable ») a radicalement changé mon point de référence subjectif. Des transformations de type « spirituelles » sont intervenues.

Pour simplifier et rendre accessible mon propos, nous allons prendre comme exemple le développement de notre processus d'apprentissage, qui utilise des symboles comme intermédiaires pour nous comprendre et inter-agir avec le monde.

Lors du processus d'apprentissage de notre langue, les sons (l'alphabet) assemblés d'une certaine façon, sont devenus des mots-choses. Exemple : P O M M E .

Ce sont des signes sonores abstraits (longueur d'onde) qui représentent une forme de réalité convenue. "Pomme". Le son pomme, n'est pas à confondre avec une vraie pomme. Le symbole son n'est pas la chose. Pouvons-nous goûter le son ?, le toucher ? Le son n'est pas la chose concrète. L'addition des sons, par la pensée mentale, n'est pas la chose. Pour écrire et lire, nous utilisons des signes symboles : a b c d... ou pomme.

Pour nous comprendre et interagir avec l'univers qui nous entoure, nous avons inventé des symboles, "unités de mesure " pour comparer l'espace en km, mètre, etc. et des unités de temps, les heures, les minutes, etc. pour mesurer la temporalité, ainsi que le mouvement. Ces symboles conceptuels convenus par tous servent à communiquer entre nous. Ils sont le ciment de nos relations et les garants de notre interprétation du monde.


Au niveau de la conscience pure, il existe aussi des symboles purs qui sont les garants de la connaissance pure, particules élémentaires vues seulement par les yeux de l'âme, poésie pure que seuls ces éléments d'origine spirituelle peuvent écrire. Ils écrivent l'existence pure, « mon essence spirituelle et universelle. »
Pour que ces symboles puissent s'offrir à la connaissance pure, ils doivent devenir « lisibles » par les yeux de mon âme, scintillements premiers reflétant la métamorphose des qualités sensibles en créatures sensibles, qualités vivantes écrivant l'inexprimable, l'insaisissable d'avant les langues humaines.

Ces « êtres-qualités spirituelles » primordiaux ont aussi un visage et un langage (transfiguration).

Quelle beauté sublime ! Alphabet et visages purs de notre origine sacrée. Énergie originelle, naissance antérieure à la mort, intelligence de la vie écrivant sa partition, signes vivants de l'alliance Créateur-créature ( Moïse, les tables de la Loi).
C'est un alphabet secret et sacré composé de signes symboliques primordiaux, écrivant le sens conscience au coeur de la connaissance pure.

Ainsi,"le Verbe se fait chair."

La connaissance pure est cette intelligence intuitive se reconnaissant au coeur de mon âme individuelle, connaissance fluide, observatrice et immobile, unissant le point d'équilibre à son mystère, instant précieux contenant l'éternel sans frontière.
C'est dans cet intervalle conscient que la semence de la naissance éternelle est déposée.
Alors, naissant au monde naissant, je suis conscience avant de penser et toute chose est ma substance. Je suis cette qualité insaisissable de silence dans l'étonnement d'être vivant, « moi personnellement impersonnel ». C'est dans cette qualité entre deux pensées que le silence «pollènise» « l'étonnement de vivre », jaillissement de l'instant présent naissant ici et maintenant. Ici se trouve inscrite mon existence, genèse de toutes les espèces.
Ici, il n'y a pas de questionnement, il y a de l'existence : « je suis cela ». C'est le processus d'être conscient des merveilles de l'être, en vivant au coeur de la métamorphose.

En tant que relais, « je suis un et multiple à la première personne ».

Animé par la vibration de l'univers " je suis cela et je ne suis pas cela en même temps ", je suis antérieur aux concepts, aux croyances et, par cette incarnation, je continue le processus d'apprentissage de cette pédagogie inouïe... »

Je m'étais oublié, alors j'ai inventé "l'apprenti-sage" et le rire,
pour me reconnaître et m'aimer.

Tout est en évolution, rien n'est pas définitivement figé.

André : Mais alors pourquoi faire quelque chose puisque tout se fait ?

David : Ce n'est pas parce que cette grâce est un mystère impensable, qu'il faut rester prisonnier de cette limite.

Dépasser l'inertie mentale du processus de l'erreur qui répète ses limites, est le grand défi de l'adaptation. Suivre consciemment le courant, l'évolution, est le chemin sacré qui conduit au coeur de la libération. Trouver cette stratégie d'équilibre cachée dans le mystère, demande du courage et une grande honnêteté.

Lorsque s'éveille en nous cette impulsion simple qui participe à l'équilibre du tout, une sincérité mystérieuse s'installe précieusement au fond de vous. C'est la naissance de l'esprit de la découverte. Se ressentir modeste, fragile et assoiffé de grâce, est une formidable force guidée par une délicatesse joyeuse.
Oser explorer les limites de son territoire et dépasser ses peurs pour s'en affranchir, plutôt que de construire des forteresses mentales pour se donner l'illusion d'agir, est une activité consciente de la grâce. L'espoir que la grâce va descendre du ciel, comme un parachutage de nourriture, alimente le rêve du mendiant...
L'activité de la pensée mentale n'est pas à confondre avec le voeu de notre âme et le sens de notre destinée humaine.

Tout est amour et source de mouvement dans l'univers. Toute source offre la fraîcheur et la compassion active à celui qui sait s'agenouiller et en apprécier l'émerveillement.
Lors de l'éveil, j'ai pu contempler le sublime et le caché de toute chose, télescopage prodigieux où le passé et le futur sont les deux bras du Créateur protégeant sa Créature, ici et « main-tenant ».

Notre humanité est jeune et naissante. Nous sommes à l'âge de pierre dans la découverte de ce mystère impensable qui illumine le coeur nos âmes. Il est primordial de s'éclairer à la lumière du soleil qui donne naissance à la naissance et au soleil.

Chaque être humain est cette sentinelle et étincelle de la grâce. La connaissance de soi, doit être une démarche active vers la découverte de cet infini qui nous habite. Cette vigilance doit rester dynamique, entière et naissante ; elle doit veiller, veillant, comme la mère veille sur son Enfant.

Veiller n'est pas penser, veiller, c'est être...
"Cet instant est votre seule vie, nul n'est absent "