Article paru dans le n°219 de la revue Recto-Verseau
Y a-t-il une façon de méditer ?
En vous promenant, êtes-vous «dans vos yeux, » les sens en éveil ?
Si oui, vous êtes en train de méditer.
Si vous pensez à vos préoccupations le long du chemin, ce n'est pas méditer.
Si, en écoutant quelqu'un, vous sentez votre silence et l'espace qui vous relie, vous êtes en train de méditer. Si vous n'écoutez pas car vous pensez à la réponse à donner ou à dire «c'est comme moi», ce n'est pas méditer.
Si vous utilisez des mantras, des prières, sans la joie intime et universelle d'exister, ce n'est pas méditer. Quelle que soit votre pratique, si vous êtes le spectateur vivant et émerveillé de la naissance des pensées, dans ce cas, vous méditez.
Méditer, c’est être présent à ce qui apparaît de nouveau ; c'est être ému du miracle d'exister infiniment dans la forme et la non forme, dans cette émotion pure qui ne meurt jamais, acceptant ce qui est agréable ou désagréable, point d'équilibre entre j'aime, j'aime pas.
Est-ce que la méditation ne risque pas de nous éloigner de notre réalité quotidienne ?
La réalité du quotidien avec ses lois relatives et relationnelles nous rattrapera si nous nous éloignons de l’esprit de la « méditation active » qui est d’être naissant au milieu de nos joies, de nos souffrances, sans attentes, croyances, projections, illusions ou fantasmes. Vivre le mouvement de la réalité quotidienne, c’est être le spectateur aimant de l’apparition de chaque évènement comme il se présente. Faites de vos journées de la méditation en actes. Pratiquez la pensée-action !
« Centré(e) », soyez le point de jonction où se crée le monde éternellement quotidien.
Faut-il avoir suivi un enseignement pour pouvoir pratiquer la méditation ?
Dans la voie progressive : oui. Le suivi et l’enseignant sont une aide temporaire jusqu’à la maturité méditative. La preuve de cette maturité se révèle dans la qualité relationnelle de communication avec les autres personnes. A ce stade, tous sont élèves de la vie sans identification à un rôle. Les outils pédagogiques s’inventent en direct entre l’enseignant et les élèves.
Dans la voie directe : chaque jour, chaque nuit, chaque pensée, parole, fleur, arbre, animal, humain et galaxie sont un enseignant qui nous mène à la méditation.
La méditation est-elle la solution pour amener la paix intérieure ainsi que dans le monde ?
Dans ce paradis en chantier dans lequel nous vivons, la seule paix sur laquelle nous pouvons avoir une influence réelle immédiate, c’est celle qui existe en nous à l’état naturel. Il est de notre responsabilité de la retrouver au sein de notre esprit par la méditation. Plonger d’une vie de surface, de doute et d’inquiétude dans le courant de la paix joyeuse et libre, aide à l’éveillance et au grandir de chaque être humain et du monde en même temps. Le monde n’est pas à l’extérieur de vous. Ayant réalisé cela, vous en devenez le serviteur. De cette vision s’ensemencent des graines fécondes pour tout l’environnement et la vie qui passe de formes en formes, de générations en générations.
Faut-il méditer tous les jours ?
Dans la voie progressive, l’initiation temporelle et méthodique est une aide ; mais surtout un principe naturel et inné est à redécouvrir, à réinventer, contenant le plaisir de méditer sur notre propre découverte. Où que vous alliez, c’est à votre propre découverte que vous allez. Quoi que vous fassiez, c’est à votre propre découverte que vous allez.
Dans la voie directe qui est une phase de maturité pédagogique, il n’y a plus d’assistance extérieure : lieu, horaire, phrase, son, postures, mantra…, tout est à l’intérieur et à l’extérieur simultanément. La méditation infinie et illimitée devient une pratique en permanence. 24h sur 24, vous êtes branché(e) sur « Radio Présence »… (rires)