Chercher à comprendre l'autre avant de chercher à être compris, c'est faire mûrir en soi l'envie d'entrer dans son propre monde... s'intéresser à lui au point de vouloir expérimenter ce que c'est que d'être dans sa peau : on peut alors découvrir le précieux qui était caché sous la parole, l'action, qui de prime abord, nous semblait à mille lieux de notre monde intérieur, de nos propres aspirations et valeurs.
Une question peut nous aider à perce-voir l'autre au-delà des apparences qui semblent nous opposer : "quand il dit/fait cela, quel est son intention ? Quel besoin est-il en train d'essayer de nourrir par ce qu'il dit/fait ?"
Nous relier ainsi à son intention, à son besoin, pourra nous permettre de garder notre cœur ouvert en étant connecté à ce qui nous est comm'un : ce qui nous différencie est davantage au niveau des stratégies que nous choisissons qu'au niveau des besoins que nous partageons tous en tant qu'êtres humains, même si nous ne les ressentons pas au même moment. Les besoins sont le tronc commun de notre humanité, la nappe phréatique où nous pouvons reconnaître ce qui nous réunit.
Ainsi, à chaque fois que nous sommes heurtés par ce que fait/dit quelqu'un, s'offre à nous un choix : celui de "camper sur nos positons", en restant ancré à notre point de vue et en nous opposant à celui de l'autre, ou "marcher dans ses mocassins" (comme disent les amérindiens), se mettre à sa place un instant pour essayer de nous relier à ce qui sous-tend ses actions.
Bien entendu, se relier aux intentions et besoins qu'un être cherche à nourrir par certaines actions ne signifie pas pour autant valider lesdites actions : je peux très bien comprendre, me relier à ses intentions, à ses besoins, tout en lui exprimant que je ne suis pas confortable avec les moyens qu'il choisit pour les nourrir.
Ceci étant, le constat est que, lorsqu'un être humain se sent rejoint dans son intention, la communication est facilitée, ainsi que la recherche de stratégies commune pouvant contribuer à nourrir nos besoins mutuels... et surtout dans le cas où je ne suis pas à l'aise avec les moyens qu'il choisit pour nourrir ses besoins, j'ai tout intérêt à me relier à son intention, à ses besoins, car s'il ne se sent pas compris, vu, rejoint dans cela, il n'écoutera juste pas le reste de ce que je lui dis : "Ventre affamé de compréhension n'a pas d'oreilles"...
Nous avons tous besoin d'être compris, rien ne nous exaspère davantage que lorsque nous ne sommes pas compris et vus dans la beauté de notre intention...
Par contre, si quelqu'un voit la beauté de notre intention, quelque chose se pose en nous et nous avons alors davantage les moyens d'entendre que les moyens que nous avons choisi pour incarner notre intention ne contribuent pas pour l'être qui nous parle...
Si je souhaite voir la paix dans le monde, j'ai à me souvenir que la guerre commence avec moi, dans chaque relation où je fais le choix de voir un ennemi face à moi plutôt que de chercher le lieu où nous pouvons nous comprendre. La guerre commence à chaque fois que je valide mon jugement sur l'autre, sans chercher à me relier à ce qui pourrait nos réunir. L'impuissance que l'on peut ressentir parfois face à l'immensité des violences qui se passent quotidiennement sur terre disparaîtra alors, au profit de la satisfaction de voir que chaque jour, je contribue à ce que la non-violence se vive, plutôt que la violence.
Je vous souhaite le meilleur dans cette exploration vivante de notre humanité commune...