Retrouvez des textes et des vidéos inédites quotidiennement sur ma page Facebook
et toutes mes vidéos sur ma chaîne YouTube
Découvrez le programme de mes activités sur mon site portail !

samedi 2 septembre 2017

Se tendre ou être tendre ?



Je vois une différence de taille entre :
🔹 goûter la paix intérieure et à partir de là, laisser s'exprimer un élan joyeux de réalisation
🔹 tendre vers un objectif en espérant qu'il nous apportera la paix et la joie

Dans le premier cas, si nous atteignons notre objectif, nous goûterons davantage de paix et de joie et si nous ne l'atteignons pas, nous demeurons dans la paix intérieure que nous goûtions avant de nous mettre en mouvement.

Dans le second cas, si nous atteignons notre objectif, nous goûterons la paix et la joie, mais si nous ne l'atteignons pas, nous retrouverons l'état de manque de paix et de joie qui était le nôtre avant de nous mettre en mouvement.

Si vous fonctionnez parfois de la deuxième manière, je vous propose de cheminer quelques instants ensemble sur ce thème, en faisant le voeu que cela augmentera vos chances de goûter la paix et la joie que vous aspirez à vivre...

🚶🏻

Je vous invite à vous demander à quoi vous aspirez le plus, en cet instant...

Prenez le temps, juste là, posez ce livre et interrogez-vous :
"Qu'est-ce que je veux, plus que tout ?"
...
Puis demandez-vous :
"Si cela se passait, qu'est-ce que cela me permettrait de ressentir, comme état intérieur ?"
Peut-être trouverez-vous comme sentiment, la joie, le bien-être, la satisfaction, la fierté, etc.

Posez-vous ensuite cette dernière question :
"Et si je vivais cet état intérieur, comment mon corps se sentirait, ensuite ?"

Quelles que soient vos réponses aux questions précédentes, il y a de fortes chances que la réponse à cette question-ci soit :
"Détendu, mon corps se sentirait détendu, je ressentirais de la détente, dans tout mon corps..."
Oui, quel que soit le besoin que nous cherchions à nourrir par la réalisation que nous souhaitions, ce que nous ressentirons corporellement, une fois cet objectif atteint, sera de la détente.

Une fois au clair sur ce que je recherche vraiment, j’aime me poser la question :
« Est-ce que le chemin qui me conduit à cette destination en a déjà le goût ? »
En d’autres termes, si ma destination est la détente, est-ce que je la goûte déjà, pas à pas, sur le chemin qui est sensé m’y conduire ?

Imaginez un instant : enfin, c’est le grand moment du départ en vacances !
Vous avez rêvé de ce moment depuis des mois, lorsque, submergé de travail, vous aviez l’impression que vous alliez finir par faire un burn-out…
Et puis, enfin, ça y est, les vacances sont là : trois semaines étirent leur horizon somptueusement vides devant vous et vous vous réjouissez de tout ce temps libre à votre disposition.
Ce matin, avec votre famille, vous prenez la route pour cette merveilleuse station balnéaire, dans le sud, où vous allez pouvoir goûter la chaleur et le farniente auxquels tout votre être aspire : cela vous donne une pêche d’enfer et c’est de toute bonne humeur que vous prenez la route vers ce soleil qui vous attend.
Une bonne playlist de musiques qui vous font joie au coeur et hop, vous voilà parti, conduisant votre voiture avec l’enthousiasme de vos vingt ans, chantonnant gaiement avec toute la famille.
Trois heures plus tard, les bouchons à la sortie de Paris, puis sur le périphérique de Lyon ont eu raison de votre joie et le stress commence à vous envahir : « A ce rythme-là, on ne va jamais arriver à l’heure pour prendre les clefs du gîte ! »

Fin des vacances. A cet instant précis.

« Est-ce que le chemin qui me conduit à cette destination en a déjà le goût ? »

Réponse : non !

Je pars en vacances pour me détendre.

Est-ce que la route des vacances a le goût des vacances ?

Si oui, peu importe si la destination ne m’offre pas exactement la détente que j’attendais, parce que je goûte déjà cette détente, sur la route qui m’y conduit…
Si non, je viens d’entrer dans l’enfer de « l’après » : je crois que le bonheur viendra quand je serai arrivé au gîte et tout ce qui va se mettre sur ma route pour y arriver va être considéré comme un obstacle à mon bonheur.
A partir de là, je commence à me tendre vers ce but, me stressant de plus en plus face à tous les imprévus, vivant de plus en plus de tension et de violence intérieure face à tout cela…
La détente, c’est maintenant.
Dans l’instant sans après.

Pour la détente, il n’y a pas d’après.
En cet instant précis, il m’est toujours possible de me détendre.
Mon corps est là, allié bienveillant, m’ouvrant l’accès à ce paradis terrestre que je cherche avec tant de force.

Inspir...
Expir...
Inspir...
Expir...
Inspir...
Expir...

Dans la présence simple à mon souffle, je goûte mon existence.
Le corps est là.
Je suis là.
Le corps ne peut pas être plus présent qu’il ne l’est en cet instant.
Je ne peux pas être plus ce que je suis que je ne suis en train de l’être en cet instant.

Dans la présence consciente à mon existence, je découvre la détente qui a toujours été là. Sans projet. Sans intention. Sans tension.
La Vie se goûtant elle-même, au coeur de cet instant.
Joie pure, sans autre objet que sa seule existence.

De là, je découvre que tout mon fonctionnement habituel est fondé sur une incompréhension majeure, sur un contresens tragique : je crois que c’est en obtenant la satisfaction de mes désirs que j’obtiens la détente, alors que la détente préexiste à mes désirs…
Elle est ce qui est toujours là, entre deux désirs. La réalisation d’un désir, l’obtention de ce que je souhaite me permet simplement de goûter à nouveau à la détente que la tension générée par ma quête d’obtenir ce que je désire m’a voilée.

Le schéma ci-après illustre ce processus :

Lorsque je découvre la réalité de ce fonctionnement, ma vie change, à tout jamais…

Je quitte le monde du bonheur conditionnel, vers lequel je tends, en me tendant, pour entrer dans le royaume de l’attention (a-tension, sans tension), en lequel je goûte ma présence, en étant tendre avec ce qui apparaît en moi, d’instant en instant.

Je peux alors, à chaque instant faire le choix de « me tendre » ou d’« être tendre »…

Isabelle Padovani
Facilitatrice en Communification