Un disciple disait un jour à Ramakrishna :
- Lorsqu’un éléphant s’avance sur une grande route, des roquets courent autour de lui en aboyant. Mais l’éléphant paraît ne pas les entendre et continue sa route. N’en est-il pas de même avec l’homme de Dieu, le Sage ?
- Fais attention, lui dit Ramakrishna. Dieu est aussi dans les roquets.
Lorsque nous sommes engagés dans une voie spirituelle, nous cheminons souvent vers un « but « à atteindre : de la nature de ce but dépendra tout ce que nous expérimenterons en chemin…
Si je crois que le but est, à l’image de l’éléphant (l’esprit), d’être impassible, non affecté par les éléments survenant (les roquets des sensations, des émotions, des pensées), je risque fort de passer à côté d’une découverte essentielle : TOUT est « Dieu », tout est cela même que je cherche à découvrir…
Tant que j’envisage une attitude n’incluant pas tout ce qui est, le seul but que je pourrai atteindre est celui d’un détachement, d’un désintérêt pour le monde, pour le relatif, pour ce que je prends pour « l’illusion » : en fait, je serai alors en train de m’éloigner de mon humanité, sous prétexte que son mode habituel de fonctionnement ne me permet pas de goûter le Divin que je pressens être…
« Faire l’éléphant » ne saurait être qu’une étape sur le chemin de l’Unité, permettant de passer d’une façon inconsciente de vivre notre nature humaine à une façon consciente de la goûter.
Veillons à ne pas faire un but de cette simple étape : l’Unité se vivra en nous lorsque nous aurons autant de joie à faire l’expérience d’être « l’éléphant » que celle d’être « les roquets »…
