Chaque jour
je reçois des dizaines de messagesde personnes me demandant
de les aider à se libérer
de la souffrance qu'elles vivent.
Chacune me raconte son histoire,
qui me touche toujours,
car je peux y percevoir
l'intensité de la douleur vécue,
que celle-ci soit
physique,
émotionnelle,
intellectuelle,
ou spirituelle...
Vient alors le moment d'impuissance absolue, celui où je laisse mon cœur se briser face à l'impossible demande qui m'est faite :
car je sais que ceux qu'attendent ces êtres n'est pas ce que je peux leur apporter, ou plutôt, j'ai l'expérience que ce que je peux partager à ces êtres ne va pas les apaiser durablement...
Je peux certes me mettre en empathie
avec eux et mesurer l'intensité
de ce qu'ils traversent :
cela va déjà les apaiser...
Je pourrais encore,
si mon planning me le permettait,
les accompagner dans le travail
de guérison de leurs blessures du passé :
cela apaiserait le "terrain" de l'Enfant-Moi, lui permettant d'être moins réactif dans certaines situations...
Mais je sais que tout cela,
même si cela représente
un pas certain vers davantage
de paix au quotidien,
ne les libérera pas de la souffrance la plus grande, qui est celle de croire que l'apparition de la douleur est anormale et qu'il est possible de vivre une vie en laquelle la douleur est absente...
Avoir conscience, absolument,
que la douleur, l'obstacle,
fait et fera toujours partir du quotidien est la clef de la grande libération, permettant de faire cesser la quête vaine d'une vie correspondant à l'idéal dont nous rêvons, fondée sur l'urgence que cette vie change car nous souffrons trop de ce qu'elle est :
seule l'action impulsant un changement
qui vient d'un cœur en paix avec ce qui est peut permettre que quelque chose évolue et aille vers cette paix qui est déjà vécue.
"Un cœur en paix avec ce qui est"
ne signifie pas
"un cœur réjoui par ce qui est"
ou "un cœur qui n'est pas touché par ce qui est" :
un cœur en paix avec ce qui est
est un cœur qui fait le choix conscient
de rester ouvert à ce qui est,
à ce que cela lui fait ressentir,
incluant la douleur que ce qui est
ne nourrisse pas ses besoins les plus fondamentaux.
Ce faisant, il accepte d'être quotidiennement un cœur brisé, non par masochisme, mais parce qu'il a l'expérience que la seule façon de pouvoir goûter la Vie est de garder son cœur ouvert à TOUT ce qui le traverse, incluant ce qui lui fait mal...
Certes, il nous appartient
de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour réaliser nos rêves, pour vivre nos aspirations, pour faire cesser la douleur lorsque c'est possible :
mais ceci fait, lorsque la Vie
nous confronte à la non réalisation de nos attentes, la seule voie conduisant à goûter la sérénité à laquelle nous aspirons tant, est de rester avec ce qui est et d'accueillir avec tendresse et douceur le cœur brisé de l'Enfant-Moi en sachant que c'est le mieux de ce que nous pouvons faire car sa plus grande souffrance est la négation de ce qui est, en cet instant...
J'observe que peu d'êtres
sont friands de cette approche,
peu gourmands de partir explorer
comment vivre quotidiennement
la divine expérience
que Jésus nommait "crucifixion"
et que je nomme
"garder un cœur brisé ouvert"...
Demeurer sans crainte,
ou avec toutes nos craintes,
mais y demeurer,
en l'espace alchimique
de notre plus grande douleur,
c'est découvrir le lieu béni
où le plomb se change en or,
où l'affliction se transforme en sérénité, où l'humain se découvre divin...
C'est en ce lieu-là,
mes amies, mes amis,
que j'aspire à vous accompagner,
en cette terre promise
de la grande libération de la souffrance, qui s'atteint par le lent cheminement au cœur du désert de la présence nue de toute velléité d'ailleurs qu'ici, maintenant...
Avec amour...