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dimanche 1 juillet 2012

Faire un choix



Question : je me rends compte que je suis rarement satisfait de mes choix. Sur le moment, le choix que je fais me semble évident, et ensuite, je commence à le remettre en question, pour finalement regretter de l’avoir fait.
Que puis-je faire pour être en paix avec mes choix ?

Lorsque nous regrettons un choix, c’est le signe qu’en réalité, il n’y a pas eu de choix…
Qu’est-ce qu’un non-choix ?
Imaginez : vous êtes en voyage, dans une gare. Vous avez à la fois faim et soif. N’ayant pas le temps d’aller faire un vrai repas, vous cherchez et trouvez un distributeur de boissons et de sandwiches. Tarif unique : 2 €. Vous repérez la boisson et le sandwich qui vous conviennent et cherchez dans votre porte-monnaie deux pièces de 2€. Et là, vous découvrez que vous n’avez plus qu’une pièce de 2€…
Vous envisagez d’aller faire de la monnaie au kiosque le plus proche, mais il y a une longue file d’attente à la caisse, et votre train part dans moins de cinq minutes. Bref, avec votre unique pièce de 2€, il va falloir choisir entre boire et manger. Vous vous consultez : ai-je plus faim ou plus soif ?
Votre ventre gargouille, pour vous répondre, mais plus fort encore, vous sentez votre gorge, rapeuse comme du papier de verre… La réponse est claire ! Vous insérez joyeusement votre pièce de 2€ dans le distributeur, composez le code de la boisson que vous souhaitez, regardez avec satisfaction la bouteille tomber dans le bac de distribution, la prenez, l’ouvrez et aaaaahhhh… que c’est bon de se désaltérer !!!
La deuxième gorgée vous donne presque autant de plaisir que la première… A la troisième, curieusement, vous remarquez que votre attention commence à se tourner vers votre ventre qui continue de gargouiller, et duquel semble monter une réclamation : « mais pourquoi as-tu choisi de prendre une bouteille ! Tu es idiot ou quoi ??? Tu n’as pas senti combien tu avais faim ? Et maintenant, tu vas te faire trois heures de train en ayant faim comme ça ? C’est vraiment n’importe quoi !!! »…
Et là, curieusement, vous manquez d’arguments pour répondre à cette voix furieuse qui vous invective ainsi… Vous montez dans le train, en étant peu à peu convaincu par son discours… Quelques minutes plus tard, vous vous interrogez sérieusement sur votre lucidité et votre capacité à faire des choix pertinents, au fur et à mesure que la faim continue de vous tenailler… et votre voyage perd soudain tout son charme, non pas tant parce que vous avez très faim, mais parce que vous vous demandez en boucle « mais pourquoi est-ce que je fais toujours de mauvais choix ? »…
Est-ce que ce type de situation vous rappelle quelque chose ?
Si oui, voici quelques éléments qui pourront peut-être vous expliquer comment nous pouvons nous retrouver régulièrement dans pareille situation…

La « balance intérieure »
Le principe est simple : lorsque nous sommes dans une situation dans laquelle deux possibilités s’offrent à nous,  chacune de ces possibilités peut contribuer à nourrir l’un de nos besoins fondamentaux. Dans notre exemple, d’un côté, un besoin d’hydratation, de l’autre, un besoin de nourriture.
A un instant T, dans notre « balance intérieure des besoins », il y en a toujours un qui est plus intense que l’autre et qui pèse plus lourd dans notre balance : c’est celui qui est le moins nourri à ce moment-là.
Dans notre exemple, à un instant T, j’ai plus soif que faim : c’est donc la soif qui « pèse plus lourd » dans ma balance intérieure.
Nous n’avons aucun choix sur le « poids » intérieur de nos besoins, instant après instant : notre seul choix réside dans notre façon de gérer la situation, une fois que nous avons pris connaissance de l’état de notre balance intérieure.
Dans notre exemple, il n’y a pas eu de « gestion » de la situation : la part de nous qui avait soif, et qui était la plus forte, à cet instant-là, nous a fait agir en faisant le choix apparent de la boisson.
En réalité, il n’y a eu aucun choix, puisque c’est cette part de nous qui, prenant le contrôle de l’ensemble de nous, (y compris de ce qui en nous peut faire des choix réels, et que j’appellerai le « Soi »), nous a agi, comme un marionnettiste contrôle sa marionnette.

La remise en question du non-choix :
Une fois ce non-choix effectué,  un second mécanisme interne en génère la remise en question : comme nous l’avons vu précédemment, à un instant T, dans notre « balance intérieure des besoins », il y en a toujours un qui est plus intense que l’autre et qui pèse plus lourd dans la balance. Or, bien évidemment, à la seconde où vous buvez une gorgée de la précieuse boisson que vous venez d’acheter, votre besoin d’hydratation diminue, et votre besoin de nourriture prend alors aisément le dessus :
C’est ce changement  de « poids » des besoins dans notre balance intérieure qui entraine la remise en question du non-choix, la part qui a besoin de manger remettant en question le fait d’avoir privilégié le besoin d’hydratation à son détriment, en arguant le fait qu’il est évident que vous avez bien plus faim que soif… oubliant complètement qu’un instant plus tôt, lorsque l’action a été posée, la balance des besoins ne penchait pas en sa faveur !!! Commence alors la litanie des reproches et la remise en question de notre capacité à discerner les choix pertinents pour notre bien-être…

Alors, comment retrouver notre capacité de choix ?
Nos parts agissent à partir :
1) de leur pulsion instinctive à nourrir leur besoin du moment (moteur d’action = désir)
2) de leur pulsion instinctive à fuir la frustration entrainée par le non-nourrissement de leur besoin - frustration qui est archaïquement perçue comme pouvant ultimement conduire à la mort (moteur d’action = peur)
Lorsqu’on réalise que nos parts agissent à partir des deux moteurs d’action les plus puissants dans la structure de survie de l’être humain, on comprend aisément pourquoi il peut être aussi difficile de ne pas être agi par leurs pulsions…

Sans Soi, pas de choix !
Retrouver notre « libre-arbitre » reste cependant possible, à une seule condition : pour qu’il y ait liberté, il faut qu’il y ait un arbitre ! En l’occurrence, c’est le Soi, c’est-à-dire, l’espace-conscience en lequel se manifestent nos multiples aspects intérieurs, nos parts, qui est cet arbitre naturel : le Soi préexiste à la personnalité, à ce pour quoi nous nous prenons quotidiennement, à ce à quoi nous nous identifions habituellement lorsque nous disons « je »… Lorsque nous sommes dans l’espace-conscience du Soi, nous pouvons observer la présence de ses qualités : calme, curiosité ouverte à tout ce qui est, confiance, compassion, et surtout… aucune peur, de quelque sorte que ce soit…
Le Soi préexistant à nos instincts de survie, étant l’expression individué de la Vie même, est la seule instance intérieure pouvant nous permettre de poser un choix conscient exempt de la peur de la frustration. Car choisir, c’est choisir sa frustration, consciemment.
Lorsque la situation de notre exemple est vécue par les parts craignant d’être frustrées dans le nourrissement de leurs besoins, que se passe-t-il ? C’est la loi du plus fort : le plus fort manque l’emporte, la plus grande peur de la frustration l’emporte…
Mais  lorsque la situation de notre exemple est vécue depuis l’espace-conscience du Soi, que se passe-t-il ? Le Soi, étant conscient du mode de fonctionnement des parts, choisit quel besoin il choisit de privilégier, en cet instant, en se reliant à la joie éprouvée par sa part lorsque son besoin sera nourri ET il choisit de ne pas donner la priorité à l’autre part, en se reliant à la frustration qui sera celle de cette part en voyant que son besoin ne sera pas nourri, pour le moment.
Ainsi, il choisit à la fois la joie ET la frustration, étant conscient que tout choix suppose de faire le deuil de l’option qui n’est pas retenue en cet instant
Le non-choix résulte de l’incapacité des multiples aspects intérieurs composant ce que l’on peut appeler notre « moi » (ce à quoi nous nous identifions habituellement, ce pour quoi nous nous prenons) à pouvoir envisager sereinement la frustration temporaire de leur besoin.
Le choix véritable est donc la résultante de la capacité de l’espace-conscience, du Soi, à envisager sereinement, à la fois la joie temporaire d’un besoin nourri ET la frustration temporaire d’un besoin non nourri