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samedi 9 avril 2011

Oui, la souffrance a une fin

Extrait d'un article de Nicole Montineri
publié dans le n° 99 de la revue 3eme Millénaire


Aucun événement qui survient n'est en lui-même souffrance, pas même la grave maladie ou le handicap. Toutes les circonstances de la vie sont l'occasion d'une silencieuse découverte de la paix inhérente à chaque expression de la réalité. C'est notre regard alourdi par nos pensées et nos émotions qui est porteur de souffrance. Nous sommes incapables de poser sur les événements une attention profonde et aimante. Nous aimerions tellement que la réalité soit autre !
Par exemple, dès que notre corps devient faible ou douloureux, notre esprit génère aussitôt une angoisse due à notre identification au corps à la peur de ne plus pouvoir contrôler notre vie comme nous l'entendons. Nous regrettons l'état de santé antérieur, nous imaginons le pire et nous nous infligeons une fuite ou une bataille désespérée devant ce qui est.
Vouloir guérir à tout prix est signe que nous refusons le changement, l'impermanence au sein de tout phénomène. Pourquoi le corps, qui n'est rien d'autre qu'une forme apparente et limitée de notre être véritable, ne connaitrait-il que l'état de santé ?
Même dégradé, il est un moyen par lequel la vie s'expérimente, avec une finesse de perception qui va bien au-delà de cette forme. Il s'agit de l'accepter changeant, d'admettre sa dégradation, de l'aimer aussi et, bien sûr, de le soigner. A notre mort, l'abandon de ce corps vient nous rappeler que seule la conscience demeure, de toute éternité.

C'est lors d'une grave maladie, tandis que je me tenais dans un état de disponibilité totale, sans attente de quoi que ce soit, que j'ai pu découvrir la réalité de notre nature véritable. Mon corps sur le point de périr fut l'instrument par lequel l'énergie cosmique investit ma conscience, la déploya jusqu'à ce qu'elle se fonde dans l'espace infini.
Nous avons tous la capacité de percevoir la maladie exactement telle qu'elle s'exprime à travers ses symptômes, sans l'interférence de pensées parasites.
Nous pouvons tous comprendre la maladie, c'est-à-dire la prendre en nous, l'intégrer, afin d'abolir tout conflit, toute dualité, source de souffrance.
La lutte, l'attente obstinée de la guérison provoquent tensions et angoisses.
Allégeons-nous, apaisons ce qui en nous recherche un but, ne nous attachons pas à notre douleur, nous ne sommes pas elle. Il existe une dimension qui n'est jamais dégradée.
Au niveau absolu, celui de notre véritable nature, la maladie n'existe pas. Il n'y a rien à guérir.

Sur le plan de notre destinée terrestre, la maladie nous offre l'occasion d'avoir une générosité d'abandon de soi, sans condition, sans exigence. Nous ne la voyons plus alors comme une manifestation pénible, mais comme une invitation à creuser au plus profond de la vie, à découvrir son sens au plus intime de notre être. Nous ne voyons plus seulement la déchéance physique mais notre véritable nature qui se tient derrière, intacte, vide de toute croyance en une souffrance.
Quelle que soit l'évolution de la maladie, nous acceptons qu'elle fasse partie de notre voyage terrestre car nous savons que notre nature fondamentale demeure inchangée.
Ainsi vue, la maladie développe notre capacité de patience, de douceur, de sagesse, de compassion envers tous ceux qui souffrent.Elle a un sens profond, comme chaque chose que nous expérimentons ici. La maladie est toujours porteuse d'un message qui nous indique une voie de transformation, de réajustement à ce que nous sommes ou de libération de notre identification au corps. Quelle que soit la dégradation de celui-ci, ne nous sentons pas misérables, car nous sommes aimés tels que nous sommes... La douleur physique est une réaction nerveuse et nous disposons maintenant de moyens pour l'adoucir. La douleur psychologique survient lorsque nous nous accrochons à notre petit tas personnel d'accumulations, constitué de savoirs et d'expériences que nous avons fait nôtres, et que nous nous opposons à tout ce qui vient le déranger.
Il faut parfois de nombreux coups pour que nous acceptions d'être dérangés et de nous interroger sur l'origine et la nature de notre souffrance. Ce que nous appelons épreuve nous est proposé pour nous sortir de notre torpeur, nous bousculer dans nos certitudes, nous arrêter dans nos conquêtes extérieures et nous placer sur la voie qui mène à soi.

Les événements sont parfaitement accordés à ce que nous devons vivre, à notre intériorité, mais par notre incompréhension, nous préférons fuir ou nous isoler, nous replier sur nous-mêmes ou nous révolter. L'épreuve est une proposition d'ajustement ou de dépouillement qui nous est faite, mais nous l'accueillons rarement comme une invitation à nous transformer, à faire retour sur ce que nous sommes véritablement. Nous ne la comprenons pas car nous voulons y échapper, en comptant sur un sauveur ou un idéal, en nous étourdissant dans les distractions, en nous réfugiant dans le travail ou en sombrant dans une névrose...
Alors la souffrance finit par engourdir notre esprit, insensibiliser notre cœur.
Nous nous y habituons et devenons indifférents, autant à notre propre souffrance qu'à celle des autres. Nous ne la reconnaissons plus et nous nous fermons à toute compréhension profonde de ce qu'elle est, et donc à toute possibilité de nous en libérer.

Car oui, la souffrance a une fin, et sa fin donne la paix...
Elle se trouve dans sa rencontre, dans son contact direct, sans l'intermédiaire d'un moi séparé qui la rejette ou l'accepte. Si je peux comprendre ce qu'elle est véritablement, c'est-à-dire l'intégrer totalement, la regarder sans division, sans la verbaliser, sans émettre de jugements dessus, l'esprit complètement vide à son sujet, elle se dissout. Dans le contact direct avec elle, sans fuite, sans évasion, sans explications ni espoirs non plus, sans tout ce processus mental complexe qui se met en route, il n'y a plus de place pour la peur. C'est cela, la vraie libération, et non le refuge dans des solutions superficielles qui ne satisfont que nos ego.

La vie nous manifeste sans cesse son amour, même à travers le pire des malheurs.
Mais nous, nous avons pris l'habitude de sélectionner ce qu'elle nous offre, nous lamentant si elle ne satisfait pas nos désirs égotiques...
Il s'agit d'arriver à nous abandonner à son énergie de compassion, avec une confiance absolue en tout ce qu'elle nous présente.
Il n'est pas d'autre intelligence.