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lundi 28 février 2011

"Je" est une masquarade

Extrait de « La voie négative » de Wei Wu Wei


Ce texte décrit les aller-retours que peut connaître la conscience du chercheur sur la Voie. L'aperçu de la conscience déconditionnée, et son évanescence... Mais cela est vision de cette rive-ci. Cela vous fera comprendre les nuages qui couvriront encore quelques temps votre ciel bleu... Mais cela ne vous fera pas percer la croûte nuageuse... Courage donc, dans la nuit de l'âme chère à St Jean de La Croix...

A mesure que nous suivons l'impulsion de notre nature fondamentale et que nous comprenons davantage, il semble naître en nous une conscience autre que la conscience congénitale qui a grandi avec nous et qui résulte de l'expérience psychosomatique. Cette conscience apparemment nouvelle se nourrit d'intelligence intuitive et gagne en puissance et en promptitude en même temps que s'approfondit la compréhension. Elle semble être indépendante de notre psyché terrestre et fonctionner dans une dimension supplémentaire du mental, bien qu'elle puisse se manifester de par nos facultés intellectuelles et émotives. L'une est assujettie au temps et égocentrique, l'autre apparaît comme intemporelle et détachée de toute notion évidente du "je-concept".

Tandis que cette conscience nouvelle augmente en intensité, nous souffrons avec plus d'acuité du contraste qui existe entre elle et le psychisme influencé et contrôlé par le je par lequel nous sommes toujours pénétrés. Nous ressentons de plus en plus profondément que nous ne sommes pas le reflet du monde de "l'état de conscience" que nous sommes conditionnés à connaître comme notre moi, et que nous sommes ce nouvel état de conscience dans lequel notre identité semble se dissoudre.

Néanmoins l'étreinte de la psyché égocentrique s'empare à nouveau de nous chaque fois que nous cherchons à fondre notre identité dans l'intemporel et, désespérant qu'il vienne jamais, nous aspirons au jour où nous aurons le pouvoir de perdre notre moi dans l'universalité de la conscience qui s'est développée "derrière" et "au-delà" de notre éternel bourreau. Nous sentons alors que nous serons cet état de conscience et cesserons d'être "je" ; en fait, nous semblons déjà savoir que nous sommes cette conscience et que notre "je" est une mascarade.

Lorsque la pénétration de cette "conscience transcendante" est puissante, nous avons tendance à ne plus considérer les choses vivantes comme des objets indifférents ou hostiles mais comme faisant partie de nous-mêmes ; ou plutôt, comme d'autre parties d'un tout qui est cette nature qui nous entoure tous - bien que ces méthodes de compréhension quelque peu différentes ne semblent pas être alors tellement différentes.

Au sein de cet état de conscience, "l'amour-haine" cède la place à une affectivité plus pure, ressemblant à la "bénédiction-compassion" ; l'"enthousiasme-détresse" passe à la sérénité ; l'avidité, l'envie, la peur, l'orgueil et les autres formes d'émotion ternies par l'ego sont suspendues ou sont représentées par l'affectivité pure elle-même. (...)

Mais avons-nous développé ce nouvel état de conscience ? Cet état est-il "nouveau" et est-il réellement "nôtre" ? Ou est-ce au contraire quelque chose d'omniprésent, à quoi nous avons accordé un accès formel par où il puisse prendre possession de nous quand il le peut ? Pourrait-il être l'un et l'autre ? C'est-à-dire à la fois notre propre nature essentielle, dont nous sommes devenus partiellement conscients, et un aspect du mental universel que nous sommes désormais en mesure d'appréhender ; est-il nôtre, dans la mesure où le phénomène que constitue chacun d'entre nous en arrive à le reconnaître comme son "soi", et en même temps représente-t-il un aspect du mental universel dans la mesure où il nous est devenu perceptible par l'intermédiaire de nos facultés phénoménales ?

Il est une chose qu'au moins nous connaissons, et que nous ne pouvons pas ne pas connaître : cet état de conscience est plus véritable que le reflet de l'état de conscience contrôlé par le "je" en lequel il nous est impossible de croire plus longtemps, et dont le corolaire est : rien ne nous importe autant que d'en accroître la puissance et la promptitude afin qu'il prenne possession de nous entièrement et une fois pour toutes.

Il est cependant une autre chose que nous connaissons plus clairement encore, c'est la nature de la barrière qui nous empêche de devenir ce que nous reconnaissons à présent que nous sommes. Cette barrière se révèle de façon flagrante, et constitue la croyance conditionnée suivante : que le dispositif psychosomatique, qui dans l'existence phénoménale porte le nom que nous savons être le nôtre, est notre moi. Cela seul est ce qui nous maintient dans la servitude. Qu'est-ce alors ? Un expédient conceptuel qui a acquis une réalité imaginaire tandis que l'absoluité qui est derrière notre apparence psychosomatique n'est pas ce concept ? En effet, et si nous pouvons détruire cette réalité imaginaire, l'expédient conceptuel qui en dépend cessera d'être. Cela revient-il à noyer un homme afin de le guérir ? Oui, car cet homme est le "vieil homme" qui doit mourir afin que "l'homme nouveau" puisse naître. Oui encore, car la totalité de cette pseudo-réalité doit nécessairement être vue comme non-réalité, afin qu'Absolu puisse être aperçu - et ceci constitue le message suprême du Tathagata dans le Sutra du Diamant...

dimanche 27 février 2011

Permanence et impermanence

Extrait du livre « You are that » de Gangaji


J'ai eu des expériences de temps en temps d'éveil et de grâce qui ont duré environ deux semaines. Comment se soumet-on ou s'ouvre-t-on à cet état de façon permanente?

D'abord faites une distinction claire entre ce qui est permanent et ce qui est impermanent.

Les pensées sont impermanentes. Elles apparaissent et disparaissent. Au pire, vous savez qu'elles disparaissent chaque nuit quand vous plongez dans le sommeil profond.

Toutes les formes apparaissent et disparaissent. Même les plus sublimes expériences sont des formes subtiles, et en tant que forme, vont et viennent.

La maturité est la reconnaissance que toute chose vient et s'en va. C'est la vérité. De prime abord, ça peut sembler une vérité terrifiante. Aucune chose ne restera. Soumets-toi en face de cette terreur, et reconnais l'impossibilité de compter sur quoi que ce soit. Vous ne pouvez même pas compter sur votre propre corps. Vous ne pouvez pas compter sur l'état le plus désiré. Quand vous reconnaissez cette impossibilité de compter sur quoi que ce soit, l'abandon est possible. Dans l'abandon, la soumission, la présence permanente de l'être est révélée.

Comme vous dites, l'éveil n'a été qu'un coup d'oeil. L'expérience de grâce qui continue quelque temps est le résultat de cet aperçu. La tendance forte est d'essayer de cramponner ce résultat sublime. Ne savez-vous pas tout cela très bien? Comme vous sentez cette expérience décliner ou quitter, il peut y avoir panique, ou activité mentale intense pour essayer de la garder. Bien sûr, si vous vous agitez pour la garder, la douceur prend congé beaucoup plus vite.

Il y a une reconnaissance essentielle qui doit survenir pour que l'activité mentale reconnaisse sa source. Si vous essayez d'agripper le résultat de cette reconnaissance, vous passez à côté de la reconnaissance du Soi dans l'instant.

Si vous essayez de vous agripper à un état d'extase, pourtant sublime, vous passez à côté de ce qui est plus profond que l'expérience extatique. Et comme aucun état ne peut être attrapé, la déception est ressentie encore et encore.

Pourquoi ne pas s'agripper à ce qui est là tout le temps? On peut y adhérer. C'est l'éternité même, hors du temps, et pourtant incluant le temps. L'éternité ne va ni ne vient. Ce n'est pas une chose. C'est en cela que toutes les choses, tous les états y compris, s'élève. La grâce et ce qui n'est pas sacré, l'extraordinaire et le très commun, le confort et l'inconfort, apparaissent ici, dans l'éternité. L'éternité est votre refuge. Reconnaissez l'éternité en vous-même.

Au delà de l'occurrence des états particuliers, il y a cela dont émane tranquillité, ouverture, paix et clarté. Cela n'est rien d'objectif.

D'abord, prenez conscience de ce qui est impermanent. Je dis que tout est impermanent, mais vous devez le découvrir par vous-même. Quand vous découvrez vraiment que tout est impermanent, vous cesserez de chercher la permanence dans les choses. Cessez de chercher la permanence non seulement dans les grosses choses, mais aussi dans les très subtiles, comme les idées, les états de conscience et les expériences.

Perpétuer le cycle de la souffrance se fait en continuant d'essayer de maintenir la permanence à partir de quelque chose qui est de façon inhérente impermanent.

Je n'y vois pas clair à propos de la différence entre une expérience de ce qui est permanent, et la permanence elle-même.

Une expérience est impermanente. Il y a un temps où l'expérience n'existait pas. Un moment donné ça apparaît, et à un autre ça disparaît. Un instant de reconnaissance de ce qui est au-delà de l'expérience, une expérience d'illumination, est un instant de consciente non-expérience.

Il y a de nombreux moments de non-expérience dans une vie, et même chaque jour. Parce que votre attention est habituellement fixée sur des objets d'expérience, la conscience en laquelle toute expérience d'objets survient est normalement non-vue.

La conscience se surveille elle-même.

Trouvez la conscience et vous trouverez la permanence. Comment trouver la conscience ? En abandonnant la recherche de la conscience en tant que chose, un objet.

Posez-vous la question : qui est conscient ?

samedi 26 février 2011

L'invitation

Extrait de « Transmettre la Lumière »
de Jean Klein


Dr Klein, vous avez utilisé le terme «d'invitation» dans notre vie quotidienne, et je souhaite savoir la nature de la personne ou la qualité de l'invitant.

Votre vraie nature est en attente de cette invitation, aussi l'invitation ne peut-elle provenir que de votre vraie nature.

Il y a une différence néanmoins, entre un entracte dans son activité lorsqu'il n'y a rien qui exige d'être accompli, et un arrêt dont on veut tirer bénéfice. L'invitation peut-elle survenir quand on est très occupé ?

Quand vous avez eu une fois un aperçu de ce que fondamentalement vous êtes, l'invitation est plus forte que toutes les activités. Quand vous posez la question profondément, elle vous apporte la réponse parce que la question elle-même est la réponse. Cette découverte n'a rien à voir avec le temps. Deux minutes peuvent s'écouler à votre montre, mais le moment lui-même est intemporel. Ce qui est important est que toutes vos activités soient au repos dans ce silence; c'est alors que vous n'êtes pas psychologiquement impliqué dans votre fonctionnement. Il est important que vous n'ayez pas l'idée que vous êtes un acteur, un penseur. Il y a la pensée, il y a le fonctionnement, mais il n'y a aucune entité qui soit à l'oeuvre. Ainsi vous êtes complètement libre de toute implication psychologique.

Ainsi cela se fait sans choix ?

Oui, parce qu'il n'y a pas d'entité pour choisir.

Par les temps qui courent, de nombreux couples ne demeurent pas ensemble, comment peut-on trouver le bon partenaire sans choisir ? (Rire)

En un certain sens, vu de très haut, quand vous êtes ouvert, sans idées préconçues, le bon partenaire vient à vous, parce qu'il n'y a pas d'accident. Mais concrètement parlant (Rire), si vous aimez la poésie, la littérature, la musique, vous pénétrez dans des cercles où les gens aiment ce qui est beau. Il est très important que vous circuliez dans ces cercles où la beauté existe, car la beauté est une expression du non-état le plus haut. Vous ne pouvez trouver la beauté dans les bars ou dans la rue, mais vous la trouverez dans un certain milieu ! Aussi je suis sûr que si vous avez le sentiment d'être un bel être humain, vous rencontrerez aussi un être humain qui sera beau.

Mais est-il juste d'espérer qu'un autre bel être humain demeure avec vous ? Parce qu'alors on peut dire : maintenant tu es mienne et tu as à rester avec moi !


C'est uniquement la beauté et l'amour qui maintiennent un couple uni. Quand il n'y a pas cette beauté et cet amour, ce n'est qu'une relation d'objet à objet mâle, femelle - et il arrive un moment où la femelle est à bout, où le mâle est à bout, et il y a séparation. Mais quand vous vivez dans la beauté et l'amour, il y a transformation permanente.

Mais quand on vit dans la beauté et l'amour, on ne devrait pas, il me semble, se soucier qu'une personne demeure ou non avec soi ? Est-ce seulement dans une relation illusoire que nous attendons que notre partenaire demeure avec nous ?

Dans une relation d'objet à objet, il n'y a que demande. Ce qui est don, en apparence, est aussi une demande, parce que le don est fait dans la perspective d'un gain; mais quand il y a amour, il y a une non-relation, et c'est alors qu'il y a seulement don. Quand il y a une relation d'objet à objet, tôt ou tard on est épuisé, en raison de ce don apparent et de l'attente d'un gain, et tout s'achève.

Quelquefois il se produit une vision globale soudaine qui est pure, fraîche, mais à ce moment-là, la pensée entre en action et c'est perdu...

Quand vous voyez réellement les faits autour de vous, il se produit une aperception, une vision globale soudaine, que vous devez suivre et préserver soigneusement. L'action, alors, survient spontanément. Gardez cette vision globale soudaine pour vous; elle doit se traduire dans l'espace et le temps. Cela prend du temps, mais vous devez la préserver soigneusement. Si vous ne le faites pas, quand vous la traduirez dans l'espace et le temps, vous la perdrez.

Comment la préserver soigneusement ?

Vous la regardez, vous demeurez fidèle au sentiment que vous en avez. C'est quand elle passe par la pensée discursive que vous commencez un processus de négoce. Ne marchandez pas avec votre aperception !

Mais cette fraîcheur, peut-elle se perdre pour toujours ?

Je ne pense pas, mais revenez au premier éclair. Vous ne devez pas le questionner. Pour matérialiser cette vision globale soudaine, vous devez, bien sûr, connaître votre capital - intellectuel, psychologique, vital - et ensuite votre intelligence peut clairement fonctionner.

D'après ce que vous dites, il semble que cette vision globale soudaine soit si importante qu'il est indispensable qu'elle ait lieu avant qu'aucune action ne se déroule.

Cela dépend de ce que vous avez compris par vision globale soudaine.

Etre ouvert à une situation avec le coeur, avec une connaissance de ce qui est et de ce qui doit advenir

Oui. Quand il y a une juste observation de la situation, l'action surgit instantanément et elle est alors réellement créatrice. Sinon, ce n'est plus ou moins qu'une réaction.

La vision globale soudaine nous donne-t-elle une juste observation ?

Je dirais que la vision globale soudaine provient de la situation elle-même, d'une juste observation - une attention sans choix. C'est l'art de vivre dans la non-connaissance, de vivre réellement dans l'ouverture. Quand vous vivez dans l'ouverture, votre intelligence la plus haute est à l'oeuvre, et votre personnalité fonctionne de façon complètement différente, parce que dans cette ouverture la totalité de votre être agit avec la sensibilité la plus fine. Dans cette ouverture, il y a une sécurité absolue mais naturellement l'ego se sent dans une insécurité absolue.

vendredi 25 février 2011

Le désir de l'absolu

Extrait de « Le sens des choses »
de Francis Lucille


Vous avez dit un jour qu'il n'est rien que je puisse faire pour me débarrasser de cet ego qui me colle à la peau et auquel je suis si dévoué.

Il n'est rien que la personne, cette entité fragmentaire que vous croyez être, puisse faire.

Cela implique-t-il que toute pratique spirituelle est inutile tant que je crois cela?

Exactement. Une pratique émanant de la notion d'être une personne physique ou psychique ne peut être qualifiée de spirituelle. C'est un processus acquisitif qui vous éloigne du réel. Ce que vous êtes réellement ne peut être acquis car vous l'êtes déjà. L'ego est impermanent. C'est une pensée répétitive associée à des émotions, des sensations corporelles et des réactions. Quand vous êtes ému par la beauté d'une pièce de musique, par la splendeur d'un coucher de soleil ou par la délicatesse d'un geste d'amour, l'ego vous quitte. Dans cet instant vous êtes ouvert et comblé. Par contre, même si vous améliorez votre ego par la pratique de telle ou telle discipline, à la manière d'un collectioneur qui augmente sans cesse la valeur de sa collection par de nouvelles acquisitions sublimes et, ce faisant, s'attache de plus en plus à elle, vous demeurez en fin de compte dans l'isolement et l'insatisfaction.

Cette disparition de l'ego est elle graduelle ou subite?

Vous savez déjà qui vous êtes. Même celui chez qui l'intérêt pour la réalité profonde des choses n'est pas encore éveillé connait des moments de bonheur. Durant ces moments l'ego n'est pas présent. Ils émanent de notre être réel qui est la joie même. Chacun reconnait la joie directement. Ce par quoi le soi connait le soi est le soi lui-même. Seul l'être a accès à l'être, la joie à la joie, l´éternité à l'éternité. Le concept erroné selon lequel cet être, cette joie et cette éternité ne sont pas présents nous exile du jardin d'Eden et nous précipite dans une recherche effrénée. La résorption de l'ego dans l'être, résorption qui apparait du point de vue temporel comme un lâcher-prise suivi d'une illumination subite, met fin à cette recherche et à cette frénésie.

Qu'est ce qui provoque cette résorption ?

Il n'y a pas de réponse à cette question sur le plan où elle est posée, car l'effet est déjà dans la cause, et la cause est encore dans l'effet. Certaines rencontres apparemment fortuites, telles celle entre le magicien du conte et le mendiant auquel il apprend qu'il est fils de roi, peuvent nous informer sur notre identité véritable. A l'annonce de cette bonne nouvelle, de cet évangile au sens propre du mot, un instinct profond s'ébranle au tréfonds de notre être et nous met sur la piste qui mène à l'ultime. Cet ébranlement correspond déjà à une re-connaissance voilée de notre être réel et la promesse de joie sereine qui l'accompagne canalise le désir dans une direction inconnue. Cette re-connaissance, ne se réfèrant pas à une réalité objective et temporelle, ne se situe pas au niveau de la mémoire et du temps. Cette grâce ne peut donc être oubliée; elle nous sollicite de plus en plus souvent, et chaque nouvelle re-connaissance augmente notre désir du divin. Tel le promeneur égaré dans la nuit hivernale qui, décèlant au rougeoiment apparu à la fenêtre d'une auberge la présence d'un feu, pousse la porte et se réchauffe quelques instants auprès de l'âtre, nous entrons dans le sanctuaire et nous reposons un moment dans la chaleur de la lumière sacrée avant de repartir dans la nuit. Enfin, dès que notre désir de l'absolu dépasse en intensité notre peur de la mort, nous offrons au feu sacrificiel de la conscience infinie le faux-semblant d'une existence personnelle. Rien ne s'oppose plus désormais à l'éveil qui déploie progressivement sa splendeur sur tous les plans de l'existence phénoménale, révélant au fur et à mesure leur réalité intemporelle sous-jacente, tel le regard de Shams de Tabriz qui "ne s'est jamais posé sur une chose éphémère sans la rendre éternelle".

jeudi 24 février 2011

Ne pas en reprendre

Vu sur le site de Denis Marie


Certains pensent qu’avec le temps, l’éveil finira par leur tomber dessus, comme “tout cuit dans le bec”. Cela arrive dans certains cas, mais c’est assez exceptionnel.

J’ai plutôt envie de dire que, si l’éveil et la libération ne sont pas en haut sur la liste de nos priorités, ils ne se produiront pas.
Lorsque l’on est en addiction, on ne lâche pas le morceau comme ça. Sortir de nos croyances réclame certains efforts, de l’endurance, de la persévérance, du courage… Il y a des rechutes, des passages à vide… Probablement que nous avons une formidable compréhension, une expérience des pièges que l’on rencontre tout au long de la quête. Cependant, si nous ne lâchons pas certains automatismes, certaines habitudes illusoires, aucun changement radical ne prendra place. Nous resterons coincés “entre deux chaises”. Cela peut durer longtemps.
Nous aimons dire qu’il n’y a “rien à faire” pour s’éveiller. C’est vrai, l’éveil se manifeste de lui-même. Toutefois, il s’agit de le permettre, afin de passer de la connaissance à l’évidence. Si nous continuons de “consommer” l’illusion, “d’en faire”, nous ne parviendrons pas à reconnaître, à réaliser l’autolibération, la Vérité spontanée. Tant que nous agitons l’eau, elle s’agite… sa nature absolue ne nous apparaît pas. Notre effort dans ce cas ne porte pas sur l’éveil, mais sur l’irrépressible envie de s’impliquer dans l’illusion.
La façon simple de se désintoxiquer, c’est de “ne pas en reprendre” et ce, jusqu’à en être libre.

Note : Je suis convaincu que nombre d’entre vous ont une bonne compréhension, et pour certains, la reconnaissance de leur Nature. À présent, sommes-nous libres dans les faits ? Notre réalisation doit également se traduire dans l’action. Parce que notre illusion s’est propagée sur un plan trivial, c’est au cœur de la trivialité qu’il est nécessaire de libérer. Je conviens qu’il est possible de se libérer sur un seul déclic. Il existe des témoignages. Mais, la plupart du temps, notre addiction est tenace, elle s’est enkystée et nous devons nous y reprendre à plusieurs fois.

Si vous vous arrêtez la première fois, vous n’aurez pas besoin d’une seconde fois. Si vous le faites la seconde, vous n’aurez pas besoin de la troisième… Cela se fera progressivement en fonction de la “solidité” de vos croyances et de votre détermination. Finalement, dans le fait de “s’arrêter”, nous n’atteignons rien de nouveau. Nous ne faisons que permettre un “état ordinaire”, ou l’expression naturelle de ce qui Est fondamentalement. C’est parce que vous re-vivrez le caractère immuable et parfait de votre Nature que s’imposera la réalisation, étant donné qu’il n’y a jamais rien eu d’autre.

Note II : “Le beurre et l’argent du beurre”, on en revient à cette formule.
Nous aimons penser que si l’absolu englobe notre relatif, c’est bon, nous pouvons le garder comme il est. La seule chose, c’est qu’en agissant de la sorte, c’est le relatif, la vision étroite de l’absolu que nous continuons de vivre dans les faits. La “solidité” de notre illusion demeure intacte. Notre avancée consiste à nous satisfaire seulement d’une potentialité. Sinon, nous expérimenterions la liberté. Nous irions “au-dehors”, plutôt que de préférer notre vieille prison. Il est possible d’être libre dans sa prison. Cependant, si celle-ci est notre création, pourquoi à nouveau la recréer ? Pourquoi s’y enfermer ?

Toutes nos considérations dans l’illusion ont aussi la nature de l’illusion. C’est comme si c’était toujours l’illusion qui donnait la réponse. Bien sûr, c’est aussi l’illusion qui pose les questions, mais là, ça semble plus normal. Lorsque l’on vit l’impersonnalité, ça n’a rien a voir avec le costume, avec le théâtre et le jeu. Nous passons sur une autre dimension. Nous devenons le céleste plus que le terrestre. Nous réalisons que le bonheur réside en le Ciel (le Royaume), bien plus qu’en tous les objets qui s’y trouvent. Toutes ces choses, en fait, n’ont jamais fait que nous le montrer. La saveur du Bonheur céleste rend les bonheurs terrestres bien fades, pareils à de simples reflets. Aussi, leur attrait s’épuise de lui-même.

mercredi 23 février 2011

L'éveil et la pratique au quotidien

Vidéos de David Ciussi

L'éveil et la pratique au quotidien


Etre ou penser être


Etre aussi la vie universelle

mardi 22 février 2011

Le choix est vôtre

Extrait du livre « Freedom and resolve » de Gangaji
Traduction : Isabelle Padovani


Après des éons à choisir de raconter une histoire de séparation de Dieu, l’histoire semble sans choix. Elle semble sans choix, mais elle ne l’est pas. Vous avez simplement continué à choisir l’histoire qui vous a été transmise par vos ancêtres, par vos vies passées, par vos erreurs passées, par vos désirs passés.
Ce qui est sans choix est la vérité de qui vous êtes.

Le choix réside dans la capacité de l’esprit à dénier cette réalité ou à l’embrasser.
Ce choix relève du libre-arbitre – la liberté de choix. Vous n’avez aucun libre-arbitre au niveau de qui vous êtes. Vous êtes cela pleinement et complètement. Mais vous avez un libre-arbitre concernant les pouvoirs de l’esprit et de l’imagination. Vous pouvez jouer à faire comme si vous n’êtes pas qui vous êtes. Vous pouvez jouer à faire comme si vous l’êtes déjà, mais pas encore complètement. Vous pouvez jouer toutes les variations et permutations de choisir ou dénier être ce que vous êtes déjà.

Vous avez joué à ça pendant des éons. Finalement, une lassitude est apparue dans le jeu, car le jeu est limité. Par toutes ses expressions, par toutes ses beautés, par toutes ses douleurs, le jeu est limité car il est basé sur l’hypothèse que vous êtes quelque chose séparé de la Vérité, de la compréhension, de l’amour, de Dieu. Le jeu tout entier est basé sur l’hypothèse de la séparation, et l’hypothèse est rarement remise en question. L’hypothèse est considérée comme vraie, et à partir de cette croyance, le jeu devient très compliqué.

Je vous invite à voir qui est réellement en train de jouer.

Vous êtes naturellement conscience. Ce que nous appelons « Dieu » est conscience suprême. Vous êtes naturellement un avec Dieu. Vous êtes naturellement Vérité. Tout le reste est non naturel. Cela peut être normal, mais ce n’est pas naturel. Cela peut être habituel, mais ce n’est pas naturel. Le jeu même a son but, parce qu’avec la croyance en le jeu, et sa non-naturelle normalité, il y a une occasion de vous imaginer perdu, de faire l’expérience de la douleur et de la souffrance d’être perdu, d’être exclu, d’être séparé de Dieu. Puis de cette imagination, de ce jeu avec toutes ses douleurs, peut s’élever l’envie de la réunion avec la Vérité dans toutes ses gloires.

Si vous découvrez que vous prenez comme acquis la vérité que vous êtes conscience, que vous êtes un avec Dieu, que vous êtes Vérité, alors cette vérité que vous considérez comme acquise est une sorte de transe ou d’état de sommeil dans lequel vous imaginerez un jour que vous êtes séparé, que vous êtes perdu, et la quête recommencera à nouveau.

Dans l’invitation qui nous vient de Ramana (Maharshi), l’invitation à une interrogation personnelle directe, vous avez l’occasion de tourner votre attention vers qui est perdu, qui est séparé.
Vous ne trouverez personne. Personne n’est perdu. Celui qui est perdu a été fabriqué dans l’esprit pour commencer à jouer. Si votre résolution est d’enquêter intensément, fraîchement, complètement, de ne pas vous endormir en continuant à pratiquer la croyance basée sur l’hypothèse de la séparation, alors vous vous rencontrerez comme cette conscience même dans laquelle joueur, chercheur, séparation et union apparaissent et disparaissent.

lundi 21 février 2011

La croyance en un décideur

Extrait audio d'un dialogue avec Francis Lucille
lors de la retraite à Paris de l'hiver 2010
Lors d'une question à propos de la peur des décisions, Francis Lucille explique qu'il s'agit d'une peur liée à la croyance en un décideur individuel, qui repose sur un autre croyance : celle que nous aurions le contrôle de nos pensées. Francis Lucille utilise la métaphore de la météo pour examiner cette question.

Extrait audio français avec traduction en anglais - durée : 8 minutes
Cliquez sur le bouton vert pour lancer l'écoute.

dimanche 20 février 2011

Confirmation

Extraits de « La Voie directe : s'identifier à la conscience pure»
de Greg Goode
Pages 7 à 9

S’identifier à la conscience pure n’est pas tricher.
Ce n’est pas une dérobade spirituelle, ce n’est pas revendiquer quelque chose que vous n’avez pas gagné. C’est plutôt comme pénétrer dans le salon de votre maison. Il y a de nombreux indicateurs qui confirment votre identification à la conscience pure. Et s’il vous arrive de tomber amoureux de la conscience pure, vous trouverez encore davantage de confirmation.

De manière étonnante, une confirmation vient par le langage !
C’est très étonnant parce que le langage est souvent considéré comme un obstacle à l’expérience de la vérité. Mais quand vous êtes identifié à la conscience pure, le langage se transforme en fait en une confirmation de votre identification.
Par exemple, vous découvrez que tous les mots évoquent la conscience pure.
Les noms ne désignent pas des choses, mais la conscience pure parce que (a) la conscience pure est la nature de toutes choses, et, (b) la conscience pure est la seule chose que les mots indiquent réellement.
C’est tout ce qu’il est possible de désigner, on ne peut tout bonnement pas désigner autre chose. Les verbes expriment la conscience pure. Noms et pronoms eux aussi pointent directement vers la conscience pure.

Quand vous dite « je », il émerge de la conscience pure et renvoie à la conscience pure.
La pensée même de « je » pointe vers la conscience pure en disparaissant comme le font les pensées dans la conscience pure. Ce je n’est pas personnel. Ce n’est pas votre « je » ni celui de Greg. Nul peut avoir de « je » séparé puisqu’il est impossible de diviser la conscience pure.
Vous découvrez que personne n’a une relation plus directe à « je » que n’importe qui d’autre. En fait, vous, les autres et toutes choses sont ce principe de « je », qui est la conscience pure elle-même. Corps, frontières et divisions qui nous semblent normalement séparer une chose d’une autre sont cette même conscience pure, qui n’est autre que « je ».
Même les évènements apparemment douloureux ne sont pas autre chose que l’expérience pure, la conscience pure, le principe de « je ».

Ceci est la nature de l’expérience directe.
Libre, sans frontière, non divisée et tranquille.
Tout est ainsi.

samedi 19 février 2011

L'impulsion d'être Libre

Extrait de « The impact of Awakening »
(L'impact de l'Eveil) d'Adyashanti
Traduction : Isabelle Padovani
Nota bene : ce livre n'a jamais été publié en français 


L’impulsion d’être libre est une étincelle évolutive au sein de la conscience qui prend sa source au-delà de l’ego. C’est une impulsion vers le divin, l’unité et la totalité. C’est une impulsion trouvant son origine dans la Vérité elle-même. Cette impulsion d’évoluer est souvent co-optée par l’égo, qui crée alors l’illusion du chercheur spirituel. Cette impulsion, qui est innocente par nature, est quelque chose qui, en elle-même et d’elle-même, n’a rien à voir avec une quête à atteindre. C’est seulement lorsque l’égo co-opte cette impulsion puis essaie d’atteindre quelque chose que le chercheur nait. Cette impulsion, cette étincelle d’évolution, devient presque instantanément corrompue par un vouloir qui donne naissance au chercheur.

Question : Comment alors peut-on ne pas s’éloigner de cette impulsion, ne pas entrer dans s’efforcer ou chercher ? Comment rester dans cette impulsion ?

Adyashanti : Vous restez dans l’impulsion en la voyant comme une impulsion et en ne l’interprétant pas comme un manque. La sensation du manque est l’interprétation par l’ego de l’impulsion, générant instantanément le chercheur séparé, perdu. L’impulsion est une poussée intérieure à évoluer, à devenir entier, libre. Elle vient de notre vraie nature, notre divinité toujours présente.

Question : Donc la poussée à évoluer est interprétée comme un manque.

Adyashanti : Oui. En fait, l’impulsion ne vient pas d’un manque, mais de l’étincelle de l’évolution. En ce sens, elle vient de la plénitude. Elle vient de ce qu’elle est déjà. L’impulsion d’être libre vient en réalité directement d’une liberté qui a déjà commencé à se dégager dans la conscience. L’évolution va de l’incompréhension, qui est ignorance, vers la Sagesse, qui est réalisation du Soi. L’impulsion d’être libre vient de la Sagesse.

Question : J’aimerais une clarification. Est-ce que le chercheur spirituel n’est pas juste une expression innocente de l’impulsion d’être libre ?

Adyashanti : Il commence comme une innocente recherche, une curiosité, ou une envie, puis l’ego le corrompt rapidement en une forme de recherche pour quelque chose à l’extérieur de soi. C’est la naissance du chercheur. En réalité, il y a seulement recherche sans chercheur. Demandez-vous : depuis où émerge l’impulsion, l’envie d’être libre ? Allez à sa source, à la plénitude avant toute envie.

Question : Quelle est la meilleure chose que je puisse faire pour mon éveil ?

Adyashanti : Soyez avec un enseignant éveillé et écoutez. Ce que je veux dire par cela est, ne vous préoccupez pas de votre interprétation mentale des mots. Laissez juste les mots entrer en vous, sans penser à eux ou essayer de les comprendre. Alors ils pourront pénétrer en un lieu qui est au-delà du mental, et au lieu que votre mental les entende, votre Soi les entendra. Faire cela découvre ce que les mots sont sensés découvrir : le Soi. Si vous ne faites pas passer les mots par le mental, il vont au-delà de l’ego vers le Silence, vers le Cœur.

Question : Si la liberté est la fin de l’identification à un moi conceptuel, est-ce que l’impulsion d’être doit être donnée par le moi ?

Adyashanti : Non. Ce qui est donné est le moi. L’impulsion d’être libre est impersonnelle, elle ne peut être donnée par le moi. Retournez à la source de l’impulsion pour être libre. Ceci vous emmènera au-delà du moi.

Question : Est-ce que la crispation apparente du moi sur l’impulsion peut empêcher en quoi que ce soit l’annihilation du moi ?

Adyashanti : Oui. C’est l’ego qui chez la plupart des chercheurs corrompt instantanément l’impulsion. Dès que l’impulsion d’être libre est corrompue, le chercheur est né. Chez la plupart des gens, c’est inévitable ; il n’y a pas de blâme à cela.

Question : La corruption est l’ego disant « C’est à moi ; c’est moi », et en faisant quelque chose de personnel. Est-ce cela ?

Adyashanti : Oui. Il est important de garde à l’esprit que quand nous disons un mot puissant comme « corruption », nous ne parlons de rien de plus que d’une « innocente incompréhension ». En ce sens, la corruption est simplement l’expression de l’ignorance. C’est une incompréhension innocente.
Ne prenez pas personnellement les farces de l’ego.
Vous n’êtes pas l’ego. Vous êtes la conscience de l’ego.
L’illumination dépend dans une large mesure de la croyance que vous êtes né pour goûter la Liberté dans cette vie, et que c’est possible maintenant, en cet instant. Le mental, qui crée le passé et le futur, vous écarte du moment où la Vérité de votre Etre peut être découverte. Dans ce moment, il y a toujours la Liberté et il a toujours la paix. Ce moment dans lequel vous expérimentez le Calme est chaque moment. Ne laissez pas le mental vous séduire vers le passé ou le futur. Restez dans ce moment, et osez envisager que vous pouvez être libre maintenant.

Question : Y a-t-il un seul aspect positif de l’ego dans tout ce processus ?

Adysahanti : L’ego n’est ni positive ni négatif. Ce sont simplement des concepts qui créent davantage de limites. L’ego est juste l’ego, et le plus grand désastre est que vous, en tant que chercheur spirituel, avez été conditionné à penser à l’ego comme mauvais, comme un ennemi, comme quelque chose à détruire. Ceci renforce simplement l’ego ! En fait, de telles conclusions émergent de l’ego lui-même. Ne leur portez pas attention. N’entrez pas en guerre avec vous-même : demandez-vous simplement qui vous êtes vraiment…
Le tout est d’arriver en un lieu dans lequel l’impulsion ou l’envie d’être libre ne vous conduit plus du tout… Ceci signifie que l’impulsion a accompli sa tâche – elle a atteint la plénitude, la tranquillité, le calme, la cessation.

vendredi 18 février 2011

L'écoute du silence

Extrait de « N'être plus personne » de Jan Kersshot


C’est seulement quand vous vous abreuverez au fleuve du silence
que vous chanterez réellement
Khalil Gibran

Toute activité peut être l’occasion de laisser venir Présence, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de règles ou de limitations en ce qui concerne les circonstances dans lesquelles nous pouvons voir notre vraie nature. Tout le monde est prêt pour la Libération. Elle n’est pas réservée à ceux qui sont dans un état spécial. Etre dépourvu de concepts ne dépend de rien. La libération n’est pas le privilège de gens spéciaux ni de situations spéciales : nul n’est exclu. Autrement dit, ce n’est pas un article pour collectionneur.
Il s’agit de lâcher-prise et non pas d’acquérir.

Notre nature infinie peut se révéler dans n’importe quelle situation. N’importe quel sens peut être un « outil » pour redécouvrir « Cela » : vue, toucher, ouïe, etc.
Quand on écoute de la musique, on peut se demander où est le son.
Peut-être voyons-nous que le son flotte au sein de la conscience, tout comme les autres sensations.
Nous remarquons que le son est enveloppé d’un silence réceptif.
C’est le silence conscient qui permet d’entendre ce son.
Et quand ce son s’arrête, nous pouvons « entendre » le silence à la place exacte du son.
Quand nous « écoutons » ce silence, nous remarquons qu’il n’est pas seulement dans cette conscience, il est cette conscience.
Conscience et silence sont liés, ils ne font qu’un.

Quand nous abandonnons complètement la pensée égocentrique, notre d’espace et de temps disparaît et nous voyons un silence dans lequel apparaît l’univers. Ce pur Silence n’a pas de divisions, et tout émane de lui et se résorbe en lui. C’est la Conscience claire, infinie, et c’est ce dont nous sommes faits.
Quand nous entendons un son dans le lointain, par exemple un chant d’oiseau ou un moteur de voiture, nous remarquons qu’il émane lui aussi de ce silence et qu’il s’y résorbe. C’est cette conscience silencieuse qui permet de l’entendre. Il en va de même quand nous sommes totalement absorbés par la musique.
Quand nous laissons la musique couler sans anticiper les sons suivants, il se peut alors que notre ego disparaisse et que nous nous unissions à la musique ; nous « devenons » la musique.

En fait, nous n’entendons pas la musique avec nos oreilles, mais nous la ressentons avec tout notre corps. Le concept d’identification au corps s’évanouit. Le sens de l’ouïe est mis sur la touche ; c’est comme s’il n’y avait plus d’interface entre notre moi et la musique que nous pensons écouter ; celle-ci nous traverse, elle nous remplace. Soudain, nous réalisons que nous ne sommes pas dans cette machine corps-mental qui entend de la musique à quelque distance. Soudain, la séparation a disparu ; nous réalisons que la musique ne joue pas pour nous, elle joue en nous. Par exemple, nous écoutons du piano et après coup nous découvrons qu’il n’y a pas d’auditeur. De nombreux musiciens, en particulier des jazzmen, disent que brusquement ils disparaissent réellement. Quand l’identification à la machine corps-mental a complètement disparu, nous voyons que la vérité primordiale est la musique ; la vérité relative est le « je » et le « piano ».

Comme dit un maître Zen :
« Quand j’ai entendu le son de la cloche, 
   il n’y avait pas de je et pas de cloche, seulement le son. »
Il n’y a pas d’un côté un auditeur et de l’autre de la musique.
Pas d’intérieur et d’extérieur, pas de sujet et pas d’objet ; seulement l’expérience immédiate.

jeudi 17 février 2011

Dévoiler la Réalité

Extrait de « La Transparence des choses » de Rupert Spira
Traduction : Isabelle Padovani


Quelles que soient les caractéristiques de l’expérience actuelle, sa Réalité, sa nature essentielle, est présente et sans changement.

La Réalité n’est pas disponible dans une occasion future, pas plus qu’elle n’est dépendante de circonstances spécifiques. Quoi que soit la Réalité, elle est présente à tout moment.

Cette expérience est réelle et cette expérience est réelle et cette expérience est réelle.

Chacune de ces expériences était différente objectivement, quoique seulement légèrement. Pourtant la Réalité de chaque expérience, l’Existence de chacune de ces trois expériences, est identique et toujours présente.

Le caractère changeant de l’expérience voile sa Réalité et, en même temps, la présence de l’expérience est sa Réalité.

Cette partie d’une expérience qui apparaît, voile et exprime simultanément la partie d’une expérience qui n’apparaît pas, et qui est pourtant présente.

Chaque expérience semble simultanément voiler et révéler la Réalité.

***

L’expérience, comme apparence, est toujours en train de changer, de disparaître.
L’expérience, dépouillée de l’apparence, se tient dévoilée en tant qu’Etre.

A chaque moment, les apparences sont en train de changer, une apparence disparaissant après une autre. A chaque moment l’apparence est en train de disparaître, dévoilant le continuum d’Etre.

Etre est, à la fois derrière et à l’intérieur des apparences.

L’Etre qui rayonne en toute expérience est connu en nous-même comme l’expérience « je suis ».

Dans le monde il est connu comme « c’est ».

Nous partageons la Présence que nous sommes avec toutes choses.

mercredi 16 février 2011

Rideau !

Extrait de « Les doigts pointés vers la Lune » de Wei Wu Wei


Il n'y a rien à chercher quand c'est trouvé.

Il n'y a nulle part où aller quand c'est ici.

Il n'y a rien à faire quand c'est fait.

Il n'y a rien à faire quand c'est vu.

Il n'y a rien à faire quand nous SOMMES.


Qu'y a-t-il à trouver quand "trouver" est le "cherchant" ?

Où peut-on aller quand "aller" est l' "allant" ?

Qu'y a-t-il à faire quand "faire" est l' "agissant" ?

A voir quand "voir" est le "regardant" ?

A être quand "être" est l' "étant" ?


Quoi donc ?

Quand il n'y a point d'acteur pour "agir",

aucun "moi" pour jouer "Je",

le spectacle est terminé.

A qui puis-je être présent, de qui puis-je être absent ?


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lundi 14 février 2011

Tomber amoureux de la conscience pure

Extraits de « La Voie directe : s'identifier à la conscience pure»
de Greg Goode

Pages 11 - 12

Beaucoup de gens n’ont jamais entendu parler de cet enseignement – s’identifier à la conscience pure.
Mais parmi ceux qui découvrent les enseignements non-dualistes, beaucoup tombent amoureux de la conscience pure, ce qui est une autre façon de s’identifier à elle.
Quand on l’aime, il y a toujours une réponse ; c’est toujours un amour partagé.
La façon dont elle répond à cet appel d’amour fait de vous et du monde la conscience pure.

Voici quelques signes indiquant que l’on est en train de tomber amoureux de la conscience pure :

- on a soif de s’immerger pleinement en elle
- on éprouve davantage d’intérêt pour elle que pour les objets qui apparaissent à elle
- on sent qu’on la comprend intellectuellement mais qu’il ne faut pas s’arrêter là
- on ressent une tendresse qui provient directement de la conscience pure,
   et une intuition qu’il y a davantage
- on se demande pourquoi cette tendresse apparaît et disparaît
- on se demande : « si la conscience pure est l’essence de toutes choses,
   pourquoi semble-t-il y avoir des choses autre que la conscience pure ? »

Tomber amoureux de la conscience pure consiste à être mû par la curiosité, l’aspiration ardente, la tendresse.
La conscience pure répond toujours à cet amour. La réponse est une expérience plus large, plus globale de la conscience pure, en tant que conscience pure. La curiosité et l’aspiration sont satisfaites, la tendresse se répand, et l’on commence à ressentir en tant que conscience pure des choses qui semblaient jusqu’alors autres que la conscience pure. La tendresse se répand jusqu’au moment où vous finissez par ressentir que vous et le monde sont une conscience unique non divisée.

Quand on tombe amoureux de la conscience pure, on désire s’en approcher.
Les enseignements de la voie directe mettent l’accent sur une voie d’approche investigatrice, exploratrice, de la conscience pure.
Parce que même après avoir entendu ces enseignements, beaucoup de gens ont l’impression qu’il y a un loin et un près, ou une différence entre la conscience pure et quelque chose autre que la conscience pure.
Mû par l’amour de la conscience pure, on examine cette différence supposée.
Cette investigation est comme une chasse au trésor où l’on a pour indice la tendresse que l’on pressent à mesure que l’on approche.
Trouver le trésor, c’est trouver qu’il n’y a pas de différence, qu’il n’y a rien qui soit autre que la conscience pure.

dimanche 13 février 2011

Eviter la vacuité

Extrait de « N'être plus personne » de Jan Kersshot

Quand on pèle un oignon, toute la peau finit par s’en aller et il reste rien.
De même, quand on analyse l’ego, on découvre que ce n’est pas une entité.
Ramakrishna

Généralement, nous croyons que notre mental se trouve quelque part dans notre tête, séparé du monde. La plupart d’entre nous ont l’impression d’être situés quelque part à l’intérieur de cette image créée par le mental. Nous avons créé notre propre image de la réalité et tout naturellement nous nous sommes mis au centre de cette image. Nous nous sommes enfermés au milieu d’une prison imaginaire. L’univers que nous avons construit est imaginé autour d’un point central, le centre de notre perception.

Nous pensons que le point central de notre expérience visuelle se trouve quelque part au milieu de la tête. Si bien que nous nous situons quelque part derrière les yeux. Nous imaginons être quelque esprit vivant dans la tête et regardant le monde par deux fenêtres, deux trous appelés yeux. C’est l’endroit où nous nous plaçons tout naturellement au sein de notre image de la réalité. Comme le cerveau est lui aussi situé au milieu de la tête, quelque part entre nos yeux, on suppose que la Conscience siège dans le cerveau. Mais quand on y regarde de plus près, il est impossible de trouver un « conteneur central » dans la tête.

La conscience est le conteneur de notre univers, mais cela ne veut pas dire qu’elle est contenue dans le cerveau. La Conscience dont nous parlons ici est beaucoup plus vaste que celle dont parlent les scientifiques : cette dernière est une simple partie de la première.
Nous avons découvert dans les expériences ce que beaucoup de chercheurs ont déjà vécu en méditation ou lors d’évènements transcendantaux, à savoir que nous ne sommes pas limités à cette machine corps-mental.
Nous pourrons découvrir que ce que nous sommes vraiment est Espace conscient, infini et ouvert à ce qui est. Autrement dit, nous reconnaissons une version plus vaste de moi. Nous découvrons qu’en dehors du petit moi (le concept d’être un corps), il existe aussi un « grand moi » qui est le Témoin de tout ceci. Un Sujet, toujours prêt à être rempli par des objets.
Ceux qui parmi nous ont vécu la claire Conscience peuvent confirmer qu’elle n’est pas localisée dans la tête.
Elle n’est pas cachée quelque part, elle est partout. C’est pourquoi les mystiques disent : « Il n’y a qu’une seule Conscience ».
Bien sûr, au niveau des sens, nous avons tous un film individuel et unique.
Cependant, la Conscience qui observe tout ceci de manière neutre n’est pas personnelle mais infinie. Elle est toujours pleinement présente dans sa totalité absolue, ici même et à l’instant même.
Ce que nous vivons actuellement est déjà une expression de l’infini !
Quelles que soient les activités paraissant survenir dans notre film, la vérité fondamentale est l’écran sur lequel apparaissent toutes les scènes qui se déroulent.
C’est un écran unique sur lequel passent simultanément des millions de films.
Une conscience aussi vaste doit forcément être omniprésente et tout englober ; mais certains se sentent encore mal à l’aise en voyant « Ceci ». Réaliser que nous semblons avoir des corps séparés et des sens individuels, tout en n’ayant qu’une seule Conscience, c’est comme l’ampoule électrique découvrant l’électricité. Cela relativise notre importance personnelle et la plupart des philosophes occidentaux n’aiment pas cette idée.

C’est pourquoi la vision non-dualiste ne sera jamais très populaire. Et en Orient comme en Occident, la plupart des chercheurs sont très attachés à leur ego. Certains ne veulent pas voir cette Vacuité parce que leur ego craint de disparaître. Cette peur du vide est immédiatement refoulée ; les gens repoussent cette impression désagréable dès qu’elle commence à se manifester. Cette peur de l’inconnu peut donner l’impression qu’on va mourir. Mais en fait rien ne meurt vraiment ; seuls des noms et des concepts apparaissent et disparaissent.
Ceux qui voient cela confirmeront qu’en fait nulle personnalité ne meurt, parce que la personnalité n’est qu’un concept.
Ce qui demeure est cette Energie Universelle,
cette Lumière qui brille toujours avec éclat
.

samedi 12 février 2011

Qui êtes-vous ?

Extrait de « The impact of Awakening »
(L'impact de l'Eveil) d'Adyashanti
Traduction : Isabelle Padovani
Nota bene : ce livre n'a jamais été publié en français 
Vous êtes...
au-delà du corps-mental et de la personnalité,
au-delà de toute expérience et de l'expérimentateur,
au-delà du monde et de celui qui le perçoit,
au-delà de l'existence et de son absence,
au-delà des affirmations et des négations.

Soyez calme et éveillé à la réalisation de qui vous Etes.

Dans cette réalisation d'aucun soi séparé,
la Réalité Suprême que vous Etes rayonne, non cachée,
en toutes choses, en tant que toutes choses et au-delà de toutes choses.

Etant retourné à la Source sans forme
et transcendé toute séparation,
ne vous arrêtez pas, ne vous accrochez pas à cette Source,
mais allez au-delà vers la Suprême Réalisation
qui transcende toutes les dualités,
sans renier pour autant un grain de poussière.

Le sage illuminé demeure
comme témoin éternel,
totalement insouciant, mais intimement concerné.
Se reposant au-delà de toutes les définitions,
il ne s'accroche jamais à la liberté transcendante,
ni ne s'empêtre dans le monde duel ;
ainsi, il est un avec toute vie.

Vivre dans la confiance parfaite de la Réalisation Suprême,
il n'a rien à gagner ou perdre
et manifeste naturellement amour, sagesse et compassion,
sans aucun sens personnel d'être l'acteur de ses actions.

Ayant abandonné tous concepts et idées,
le sage illuminé vit comme conscience toujours présente,
manifestée et se manifestant dans le monde du temps et de l'espace
qui est éternel, toujours nouveau et entier.

Dans cette réalisation non cachée
la Réalité Suprême rayonne Consciemment
en toutes choses, en tant que toutes choses et au-delà de toutes choses.
Rayonnant non voilée, elle pénètre l'univers entier.
Pénétrant l'univers entier,
elle se connait elle-même comme SOI.

vendredi 11 février 2011

Soyez ce que vous êtes déjà

Extrait de « Le sens des choses » de Francis Lucille
Une fois que nous avons re-connu notre réalité profonde, un souvenir de cet éveil nous accompagne en permanence, de sorte que nous commençons à nous rendre compte des moments où l'ego s'interpose et que nous pouvons le dresser à se tenir de plus en plus à l'écart, ce qui nous permet d'être de plus en plus ouverts à ce que nous sommes.
Pouvez-vous commenter ce point ?

Il n'est nul besoin de dresser l'ego ou de l'éliminer. Quand vous essayez de le dresser ou de l'éliminer, qui est l'auteur de cette tentative ?

L'ego s'élimine lui-même.

Comment cela serait-il possible ? Cette tentative au contraire le perpétue. L'ego n'est un obstacle que dans la mesure où nous lui prêtons attention. Au lieu d'aborder une recherche par le côté négatif, l'égo et son élimination, commencez par le côté positif. La re-connaissance dont vous parliez laisse en vous un souvenir de plénitude.
Ce souvenir se réfère à une expérience non mentale. Il ne vient pas de la mémoire qui ne peut enregistrer que des éléments objectifs. Si vous vous laissez guider par lui, si vous répondez par une adhésion de tout votre être à son appel, l'émotion sacrée qu'il suscite en vous vous mènera sans détours au seuil de votre présence intemporelle.
Vivez avec ce souvenir. Oubliez les circonstances objectives qui ont précédé ou suivi cette re-connaissance et gardez-en le souvenir ; aimez-le comme votre bien le plus précieux et rappelez-vous que la source dont il est l'émanation est toujours présente, ici et maintenant. C'est le seul endroit où le trouver, ici et maintenant ; pas dans la pensée ; avant la pensée ; avant d'y penser ; n'y pensez même pas...

Simplement laisser être ce qui est...

N'en parlez pas ; ne le formulez pas ; ne l'évaluez pas ; l'intervention de la pensée vous en éloigne. N'essayez même pas...
Vous faites encore trop d'efforts. Ils sont inutiles.
Abandonnez et soyez ce que vous êtes déjà, absolue tranquillité.

jeudi 10 février 2011

Réflexions sur l'Eveil

par David Ciussi
Propos recueillis par A. M., Docteur en Anthropologie, le 22-07-01
André : Et pour toi David, l'éveil, ça s'est passé comment ?

David : La conjugaison d'une myriade d'expériences spirituelles personnelles, intimes, m'ont peu à peu conduit à une lecture transparente du monde. J'étais alors considéré par mes pairs, comme un être libre mais cet état, empreint d'une certaine félicité permanente, n'était néanmoins toujours pas l'éveil.

Cette lumineuse lecture du réel s'est habillée de différentes terminologies selon les époques ou traditions : Samadhi, illumination, béatitude, mais toutes ont en commun la découverte révélée du « geste des gestes » de conscience. Ce geste suprême, primordial (dans le sens reflet du Un avant la première dualité) considère la multiplicité des perceptions intuitives du réel. Il ne s'agit pas d'entendre seulement la découverte des aspects les plus fins du monde qui nous entoure par les cinq sens dont nous disposons ; c'est aussi une entrée en relation totale et non séparée avec tout ce qui est.

Ce processus conscient, permanent et intelligible s'est actualisé au coeur de la nuit profonde. Je suis passé du chercheur perdu à l'explorateur émerveillé dans une qualité de référence et de présence à jamais égalée.
Avant, le miroir était brisé et chaque morceau reflétait une partie incomplète, « du tout entier ». Après, tous ces fractionnements se sont unifiés. Le Principe Universel de la métamorphose était alors incarné dans une âme individuelle.

« Je suis la chenille et le papillon »

Cet état de grâce ultime ne m'a pas été asséné par surprise. Il s'est plutôt infiltré inexorablement en moi au fil de mes années d'exploration pour me submerger soudain. Je peux dès lors mieux sentir l'extraordinaire paradoxe de Dieu, Un et multiple à la fois. Je peux également vivre au coeur de mes cellules la présence de cette lumineuse intemporalité qui relativise en permanence la multiplicité apparente du monde.

Ce geste des gestes m'a entraîné au coeur de la partie plus profonde de mon être. Sans comprendre le mystère de la vie, je suis alors entré en résonance avec lui, devenant à mon tour, mystère vivant, vivant ! Car l'éveil à cette conscience (ou à ce « corps intemporel et insituable ») a radicalement changé mon point de référence subjectif. Des transformations de type « spirituelles » sont intervenues.

Pour simplifier et rendre accessible mon propos, nous allons prendre comme exemple le développement de notre processus d'apprentissage, qui utilise des symboles comme intermédiaires pour nous comprendre et inter-agir avec le monde.

Lors du processus d'apprentissage de notre langue, les sons (l'alphabet) assemblés d'une certaine façon, sont devenus des mots-choses. Exemple : P O M M E .

Ce sont des signes sonores abstraits (longueur d'onde) qui représentent une forme de réalité convenue. "Pomme". Le son pomme, n'est pas à confondre avec une vraie pomme. Le symbole son n'est pas la chose. Pouvons-nous goûter le son ?, le toucher ? Le son n'est pas la chose concrète. L'addition des sons, par la pensée mentale, n'est pas la chose. Pour écrire et lire, nous utilisons des signes symboles : a b c d... ou pomme.

Pour nous comprendre et interagir avec l'univers qui nous entoure, nous avons inventé des symboles, "unités de mesure " pour comparer l'espace en km, mètre, etc. et des unités de temps, les heures, les minutes, etc. pour mesurer la temporalité, ainsi que le mouvement. Ces symboles conceptuels convenus par tous servent à communiquer entre nous. Ils sont le ciment de nos relations et les garants de notre interprétation du monde.


Au niveau de la conscience pure, il existe aussi des symboles purs qui sont les garants de la connaissance pure, particules élémentaires vues seulement par les yeux de l'âme, poésie pure que seuls ces éléments d'origine spirituelle peuvent écrire. Ils écrivent l'existence pure, « mon essence spirituelle et universelle. »
Pour que ces symboles puissent s'offrir à la connaissance pure, ils doivent devenir « lisibles » par les yeux de mon âme, scintillements premiers reflétant la métamorphose des qualités sensibles en créatures sensibles, qualités vivantes écrivant l'inexprimable, l'insaisissable d'avant les langues humaines.

Ces « êtres-qualités spirituelles » primordiaux ont aussi un visage et un langage (transfiguration).

Quelle beauté sublime ! Alphabet et visages purs de notre origine sacrée. Énergie originelle, naissance antérieure à la mort, intelligence de la vie écrivant sa partition, signes vivants de l'alliance Créateur-créature ( Moïse, les tables de la Loi).
C'est un alphabet secret et sacré composé de signes symboliques primordiaux, écrivant le sens conscience au coeur de la connaissance pure.

Ainsi,"le Verbe se fait chair."

La connaissance pure est cette intelligence intuitive se reconnaissant au coeur de mon âme individuelle, connaissance fluide, observatrice et immobile, unissant le point d'équilibre à son mystère, instant précieux contenant l'éternel sans frontière.
C'est dans cet intervalle conscient que la semence de la naissance éternelle est déposée.
Alors, naissant au monde naissant, je suis conscience avant de penser et toute chose est ma substance. Je suis cette qualité insaisissable de silence dans l'étonnement d'être vivant, « moi personnellement impersonnel ». C'est dans cette qualité entre deux pensées que le silence «pollènise» « l'étonnement de vivre », jaillissement de l'instant présent naissant ici et maintenant. Ici se trouve inscrite mon existence, genèse de toutes les espèces.
Ici, il n'y a pas de questionnement, il y a de l'existence : « je suis cela ». C'est le processus d'être conscient des merveilles de l'être, en vivant au coeur de la métamorphose.

En tant que relais, « je suis un et multiple à la première personne ».

Animé par la vibration de l'univers " je suis cela et je ne suis pas cela en même temps ", je suis antérieur aux concepts, aux croyances et, par cette incarnation, je continue le processus d'apprentissage de cette pédagogie inouïe... »

Je m'étais oublié, alors j'ai inventé "l'apprenti-sage" et le rire,
pour me reconnaître et m'aimer.

Tout est en évolution, rien n'est pas définitivement figé.

André : Mais alors pourquoi faire quelque chose puisque tout se fait ?

David : Ce n'est pas parce que cette grâce est un mystère impensable, qu'il faut rester prisonnier de cette limite.

Dépasser l'inertie mentale du processus de l'erreur qui répète ses limites, est le grand défi de l'adaptation. Suivre consciemment le courant, l'évolution, est le chemin sacré qui conduit au coeur de la libération. Trouver cette stratégie d'équilibre cachée dans le mystère, demande du courage et une grande honnêteté.

Lorsque s'éveille en nous cette impulsion simple qui participe à l'équilibre du tout, une sincérité mystérieuse s'installe précieusement au fond de vous. C'est la naissance de l'esprit de la découverte. Se ressentir modeste, fragile et assoiffé de grâce, est une formidable force guidée par une délicatesse joyeuse.
Oser explorer les limites de son territoire et dépasser ses peurs pour s'en affranchir, plutôt que de construire des forteresses mentales pour se donner l'illusion d'agir, est une activité consciente de la grâce. L'espoir que la grâce va descendre du ciel, comme un parachutage de nourriture, alimente le rêve du mendiant...
L'activité de la pensée mentale n'est pas à confondre avec le voeu de notre âme et le sens de notre destinée humaine.

Tout est amour et source de mouvement dans l'univers. Toute source offre la fraîcheur et la compassion active à celui qui sait s'agenouiller et en apprécier l'émerveillement.
Lors de l'éveil, j'ai pu contempler le sublime et le caché de toute chose, télescopage prodigieux où le passé et le futur sont les deux bras du Créateur protégeant sa Créature, ici et « main-tenant ».

Notre humanité est jeune et naissante. Nous sommes à l'âge de pierre dans la découverte de ce mystère impensable qui illumine le coeur nos âmes. Il est primordial de s'éclairer à la lumière du soleil qui donne naissance à la naissance et au soleil.

Chaque être humain est cette sentinelle et étincelle de la grâce. La connaissance de soi, doit être une démarche active vers la découverte de cet infini qui nous habite. Cette vigilance doit rester dynamique, entière et naissante ; elle doit veiller, veillant, comme la mère veille sur son Enfant.

Veiller n'est pas penser, veiller, c'est être...
"Cet instant est votre seule vie, nul n'est absent "

mercredi 9 février 2011

Innocente incompréhension

Extrait de « My secret is silence » (Mon secret est le silence)
de Adyashanti
Traduction : Isabelle Padovani
Nota bene : ce livre n'a jamais été publié en français 
A cause d'une innocente incompréhension

vous pensez que vous êtes un être humain dans le monde relatif

cherchant l'expérience de l'unicité,

mais en réalité,

vous êtes l'Un

s'exprimant comme l'expérience d'être un être humain...

Si vous voulez vous éveiller,

la première chose que vous avez besoin de considérer sérieusement

et que vous êtes endormi

et que tout ce que vous prenez pour la réalité est un rêve...

Cessez de chérir les croyances.

Si vous pouvez suivre cette simple instruction

vers sa conclusion absolue,

vous serez illuminé, libre, réalisé dans votre vérité...

mardi 8 février 2011

La voie unitive

La voie unitive :
le lien entre la voie directe et la voie progressive
par David Ciussi
Article paru dans le n°90 de la revue 3eme Millénaire


Et si nous réunissions ces deux chemins qui paraissent s’opposer par le biais de la "voie unitive" ?

La voie directe

Dans la voie directe, il y a une notion de radicale immédiateté ; sans hiérarchie, ni de préparation.… La loi des causes et les effets devient caduque. Cela n’appartient pas à la raison discursive. Cette implosion du penseur et de sa pensée, donne une origine et une connaissance première qui maintient simultanément l’ensemble de la création et se retire de sa forme créée. Naissance, vie et mort en même temps : accouchement, vie et résurrection immédiate. C’est un Sublime éclair de conscience où tous les concepts philosophiques et pédagogiques explosent dans un joyeux feu d’artifice. (rires)

(Stephen Jourdain pourrait représenter la voie directe)

Question : Le mot qui me vient c’est : fulgurance immédiate.

David : Oui, jaillissement nouveau né comme un mouvement, un courant ininterrompu de la vérité incorruptible, pédagogie de la conscience sublime et absolue, intelligence de toutes les intelligences…
Prenons l’analogie de la source, de la rivière et de l’océan.
Une source qui coule n’est pas seulement de l’eau, elle est le mouvement de l’eau… n’est ce pas ?
Une rivière n’est pas seulement de l’eau, elle est l’expansion du
mouvement de la source, n’est-ce pas ?
L’Océan n’est pas seulement de l’eau, il est le mouvement de la source, de la rivière et sa propre respiration, n’est-ce pas ?
Dans la voie directe nous réalisons, qu’à tout moment, nous sommes l‘eau, le mouvement, la source, la rivière et l’océan, nous sommes partout, simultanément.

La voie progressive

Question : La voie progressive s’oppose-t-elle à la voie directe ? Est-elle mentale ?

Dans la voie progressive dirigée par les processus automatiques mentaux de la survie, nous sommes de l’eau qui progresse vers l’océan, la jonction avec le mouvement du jaillissement de la source n’est pas reconnu, nous voguons avec espoir vers « l’éveil » comme un parfum sublime et merveilleux déjà respiré… , mais le voyage est flou, imprécis, parsemé d’embûches car nous allons vers un but, un résultat, une trouvaille, un trésor, le graal, vers un « pas ici et pas maintenant », nous percevons que ce n’est pas accessible , « maintenant, où je suis, comme je suis... » Nous avons bien des expériences d’unité avec le mouvement de l’eau mais cela se limite à quelques tourbillons car notre pensée n’explore que la surface des choses, elle a une vision fragmentée et arrêtée de l’eau. La pensée observe une photo de l’eau, elle ne fait pas l’expérience de la nature de l’eau.
Cependant la voie progressive intégrée donne aussi les mêmes fulgurances que la voie directe à condition de sortir des limites de sa barque mentale et de plonger la main dans l’eau en acceptant progressivement de désapprendre la sécurité de la barque et d’apprendre à nager en découvrant une voie d’eau connue et un maître nageur portant témoignage de son enseignement dans son quotidien, une voie ne s’oppose pas à l’autre, seul les élèves en font des différences et des oppositions… (rires)

(Jean klein pourrait représenter la voie progressive)

Question : Il est courant d’entendre des arguments : « Il n'y a rien de particulier à faire pour être ce que nous sommes… Tout effort est une projection de l'esprit qui se tend en vue d'acquérir quelque chose… La Réalité ne peut être objet de quête ou de méditation… »

Pratiquement un enfant apprend à marcher : devons-nous lui dire qu’il n’y a rien à faire ? Pour acquérir l’autonomie de la marche et la liberté de se déplacer, il doit progresser dans l’apprentissage de l’équilibre, la connaissance des obstacles ainsi que les limites de son corps. Cet enfant apprend à apprendre en permanence dans l’esprit de la découverte, c’est l’élan et l’intuition de la première fois, apprendre se fait « chemin faisant, joyeusement » sans jugements négatifs et sans la crainte de l’action en cours.

La voie unitive

L’intégration de ces deux voies se fait, un pas dans le connu, l’autre dans l’inconnu, dans un ici et maintenant continu conscient et pédagogique, c’est la notion de « pendant que cela se passe… »

Dans la voie unitive, l’attention n’est pas orientée vers la différence des voies mais sur l’expertise du pédagogue et l’intégration chemin faisant de l’ « apprenant »…
Comment les propos donnés vont-ils être entendus par « l’autre », est-il dans la maturité psychologique et spirituelle ?
Celui qui transmet est-il pédagogue et lucide de la nature des croyances, des obstacles, des peurs, des doutes, des résistances ou des affirmations, est-il un expert de l’ignorance… (rires) et est-il éclairé par la lumière de la clarté spirituelle !

L’élève, est-il le ravi de la crèche de Noël, le blasé des arcanes spirituelles ou voit-il les concepts contraires comme un espace où il se passe quelque chose de nouveau et d’inattendu ? Si ce n’est pas le cas, c'est le processus d'idéation qui devient alors l'obstacle à la reconnaissance de ce qu’il Est. C'est la mise en place de l'idée, de la pensée, de la généralité en oubliant l'activité du pensant dans la pensée. Les pensées « objet-savoirs » seront alors amalgamées par notre raison - "c'est le destin, la fatalité ou le karma" - comme une soumission inconsciente de la victime à ne rien entreprendre pour sortir de ses réflexes comportementaux, émotionnels et intellectuels.
Des phrases toutes mâchées - "Faire quelque chose nous éloigne de la vérité", "Tout se fait tout seul", "Il n'y a rien faire", "Tout est déjà là" - seront servies comme des pensées réchauffées et entretiendront la paresse. Soyons lucides de ne pas reprendre ces différents "koans" sur l'inaction d'une façon généraliste, comme des perroquets, en restant prisonnier de la logique de la dualité.

Bien sûr, l’instructeur averti offre « ces grandes phrases » à celui qui peut les faire grandir dans son cœur comme des graines fécondes car, de son point de vue d’humain illuminé, effectivement, il n'y a rien à faire, puisque l'humain n'est plus l'agissant à titre personnel, il est "'agi et vécu". C’est l’intelligence universelle qui se parle dans son intelligence personnelle, il est la voie sans voix où toutes les voies sont Une et complémentaires.

Question : Alors les deux voies sont complémentaires ?

David : Oui, dire que seule la voie directe est bonne et que la voie indirecte ne l’est pas ou vice et versa n’est qu’une approximation de la vérité. C’est comme vouloir dire qu’il vaut mieux privilégier l’oreille droite plutôt que la gauche pour entendre. Nous sommes bien au cœur d’une coïncidence qui nous permet d’accepter que ce jaillissement premier de la voie directe s’accomplisse tout le temps dans la voie progressive; il existe bien un point A et un point B, mais on ne va pas mesurer la distance entre A et B, on va constater qu’entre les deux, il y a toujours une continuité de la voie directe. C’est ce que j’appelle la voie unitive.
- Dans cette troisième voie, nous acceptons qu’il y ait un avant et un après puisqu’il y a un « pendant » qui est le temps de la prise de conscience, c’est un déplacement qui réunit A à B.
Pour celui qui a vécu la conscience directe, l’expérience dans la voie progressive, c’est le temps de l’intégration, « le ici et maintenant non objectivé, c’est le temps du « pendant » qui est le temps « où cela se fait ». C’est le temps béni des jours et des années, le temps béni de notre vie. Nous assistons à la sainte évolution, au renouvellement de la vie et des objets, à la transformation de notre propre personnalité, de notre propre conscience qui se régénère dans des qualités de plus en plus subtiles et de plus en plus fines. Et à ce moment-là, le mouvement de notre conscience devient le mouvement du temps relatif. Il comprend et se réjouit dans l’instantanéité d’assister à l’accouchement de la conscience universelle dans une âme individuelle comme dans le tout créé.

C’est une expérience vivante, dès lors que nous ne doutons pas ; nous ne pouvons pas être en retard ou en avance, nous ne pouvons pas non plus échouer ou réussir. Nous devenons le mouvement de cette eau sacrée et ou bénie , le mouvement qui se connecte à l’eau de Vie. Nous devenons le Graal, le lieu, le contenant de l’éternité dans les limites. Le piège serait, après avoir été le témoin et l’incarnation de ce mouvement de la vérité, d’en faire quelque chose, un dogme, un éveillé… (rires) ou d’en faire des techniques spirituelles uniquement répétitives, alors que le secret, c’est d’avoir un pied dans « je suis » et un pied dans « je ne suis pas », un pied dans « je sais » et l’autre en « je ne sais pas » dans la conscience du « pendant » pour que cela devienne intelligible. Il faut bien qu’il y ait une conscience pour avoir un souvenir saint, autrement nous serions fous ou schizophrènes !

Question : Oui, comme dans un état de suspension. Cela voudrait dire justement, que c’est parce que l’on accepte de rester suspendu dans cet inconnu que le mouvement peut continuer sinon tout se fige ?

David : Oui, c’est la rencontre avec tous les êtres et toutes les choses en étant au milieu des êtres et des choses. C’est plus précis que de rester entre les deux. Cela signifie qu’à tout moment, nous vivons ensemble mais en terme d’innocence, de connaissance, d’intelligence, de finesse, de fluidité dans un élan du cœur renouvelé. Nous sommes dans le miracle permanent.

Par exemple, l’enseignement d’Yvan Amar pourrait représenter la voie unitive

Résumons : Chaque être humain est déjà éveillé mais il n’en profite pas parce qu’il ne le sait pas, il n’a pas le retour de sa conscience qui peut faire l’expérience ce qu’elle Est. Il somnole dans sa barque mentale espérant plonger dans l’eau.

Dans la voie directe : Il y a une transmission instantanée et simultanée de l’ensemble du processus et de l’ensemble des procédures qui permettent à notre conscience de se rendre compte des qualités subtiles et divines de ce qu’elle est primordialement. Nous sommes le mouvement de l’eau.

Dans la voie progressive : A tout moment, il est possible de grandir comme un enfant qui apprend à marcher en apprenant à apprendre à être soi dans la relation avec le réel donné tel qu’il est, agréable ou désagréable en relation avec toutes les choses notamment avec les humains. Nous plongeons dans le mouvement de l’eau chemin faisant…


Dans la voie unitive : Nous sommes l’eau, le mouvement et la barque, c’est à dire la voie directe qui se renouvelle chemin faisant. Dans ce processus, tout sera le prétexte à une nouvelle pédagogie spontanée qui va « apparaître » plutôt que « se transmettre. »Toute activité vient de l’intelligence des trois qualités réunies, et la découverte de soi en relation avec le réel, se fait chemin faisant, « pendant », découvrant le mystère dans l’esprit de la première fois, assistant à la résurrection du monde car ressusciter ne veut pas dire réanimer des morts mais bien voir ce qui apparaît de nouveau (rires)